Son histoire avait fait grand bruit en 2002. Mohamed Moulay, surnommé "l'enfant au poignard" par le journal le Monde, est mort samedi d'une embolie pulmonaire à Alger, rapporte le quotidien du soir.
Le 4 mai 2002, veille du second tour de la présidentielle confrontant Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen, Mohamed Moulay avait confié au journal l'histoire de son père Ahmed torturé par une vingtaine de parachutiste le 3 mars 1957, sous les yeux de sa famille. La guerre d'Algérie fait rage. L'armée française traque les membres du FLN.
"Dans la nuit, une patrouille d'une vingtaine de parachutistes conduite, selon les témoins, par un homme grand, fort, et blond, que ses hommes appellent " mon lieutenant " et qui se révèlera plus tard être Jean-Marie Le Pen, fait irruption au domicile des Moulay, un petit palais de la Casbah d'Alger. Ahmed Moulay, le père, 42 ans, va être soumis à la " question " sous les yeux de ses six enfants et de sa jeune femme", peut-on lire dans les colonnes du Monde.
Âgé de 12 ans à l'époque, Mohamed s'empare alors d'un poignard laissé par mégarde par l'un des parachutistes et le cache dans un placard. Un nom est inscrit sur la lame : "JM Le Pen 1er REP". Le lendemain, malgré la fouille minutieuse des militaires, le poignard reste introuvable.
Depuis 2003, Mohamed confie l'objet à la journaliste du Monde Florence Beaugé. Après la parution de l'article, le leader du Front national lancera des poursuites pour diffamation. En vain. Jean-Marie Le Pen perd le procès en première instance, en appel et son pourvoi en cassation est rejeté.
Le poignard, précieusement conservé par Me Yves Baudelot, avocat du Monde, doit rejoindre le musée des moudjahidines à Alger dans les prochains mois.