Vous avez reçu un e-mail étrange en provenance d'un destinataire que vous ne connaissez pas ? Vous êtes peut-être la cible d'une arnaque "à la nigériane". Europe1.fr revient sur cette escroquerie très présente sur la Toile.
Comment fonctionne l'escroquerie ? Dans le langage juridique, on l'appelle "fraude 419", ou bien "scam 419", du numéro de l'article du code nigérian sanctionnant ce type de délit. Mais la fraude prend des formes multiples. Le plus souvent, l'arnaque démarre sur Internet par un mail avec la mention "urgent", "confidentiel" ou "sérieux". Il peut par exemple émaner d'un médecin, d'un avocat, d'un grand patron ou bien encore d'un officiel de gouvernement étranger. Des personnes censées mettre en confiance l'internaute. L'expéditeur du courriel va vous demander de l'aide pour sortir illégalement une importante somme d'argent de son pays (un héritage, des pots-de-vin, ou tout simplement de l'argent qui dort sur un compte) en échange d'une commission sur cette somme (en moyenne 10% selon le ministère de l'Intérieur). Si le destinataire accepte, il s'engage à donner son numéro de compte afin que l'argent y soit versé. En contrepartie, l’escroc réclame d'avancer des sommes d'argent destinées à couvrir des frais fictifs.
Les variantes ? Cette escroquerie, qui existait déjà sous la forme de livraison postale avant le développement sur Internet, se décline de plusieurs façons. Les sites de rencontres, de petites annonces, de loteries ou bien encore d'offres d'emplois sont également des lieux privilégiés pour mener ces arnaques. La démocratisation d'Internet à travers le monde a étendu le phénomène à de nombreux pays. Selon des chiffres dévoilés dans le magazine d'investigation Envoyé spécial (France 2), la Côte d'Ivoire est devenu un des pays avec le plus de cybercriminels au monde. En 2010, 15 millions d'euros ont ainsi été détournés.
Quels sont les cas les plus récents ? Plusieurs affaires ont remis en lumière ce phénomène qui touche toutes les catégories d'âge. Une jeune habitante de Saint-Quentin, dans l'Aisne, a évité de justesse une arnaque visant des filles au pair, rapporte jeudi le quotidien régional L'Aisne Nouvelle. A quelques jours de son départ pour le Royaume-Uni, elle a découvert que la famille dans laquelle elle devait résider était fictive. Lorsqu'un de ses proches a appelé au numéro indiqué, l'escroc, au fort accent africain, a été surpris et a réclamé l'envoi des papiers de la jeune fille. Heureusement, les parents ont coupé court à l'initiative. Autre histoire, plus grave : près de Montbéliard, un adolescent de 17 ans a été victime d'une tentative de chantage via sa webcam. Une jeune femme l'a menacé de diffuser des images sur lesquelles il était en train de se masturber s'il ne lui envoyait pas la somme de 4.000 euros, rapportait cette semaine L'Est républicain.
Quels sont les cas les plus extrêmes ? Certains cas d'escroquerie se sont terminés de façon dramatique. George Makronalli, un Grec de 29 ans, a été victime d'une arnaque en décembre 2004, comme le rapporte le site News 24. Des escrocs ont contacté la victime sur Internet en lui affirmant qu'ils avaient soutiré des sommes d'argent à des membres du gouvernement d'Afrique du Sud et qu'ils avaient urgemment besoin de faire sortir ces sommes du pays. Moyennant une commission, ce citoyen grec a accepté de se rendre au mois de novembre 2004 en Afrique du Sud. Quelques jours plus tard, il a disparu avant que son corps ne soit retrouvé sans vie et mutilé à Durban.
Quelles précautions peut-on prendre ? Les victimes de ce type d'escroqueries n'osent pas forcément contacter la police ou la gendarmerie après être devenue elle-même des victimes d'arnaqueurs. Dans le droit français, l'escroquerie est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 375.000 euros d'amende. Néanmoins, des précautions simples permettent d'éviter ce genre de litiges. Le premier conseil lorsque vous recevez ces mails étranges est déjà de ne pas répondre et de procéder à sa destruction immédiate. De façon générale, mieux vaut se fier à des sites Internet de confiance, signalés par un logo identifiable et dont l'adresse commence par "https". De bons logiciels anti-virus, pare-feu et anti-espion permettent également de limiter la propagation de courriers frauduleux.
En cas d'arnaque, il faut déposer plainte au commissariat ou à la gendarmerie la plus proche. Comme le rappelle le ministère de l'Intérieur, munissez-vous de références des transferts d'argent effectués, de détails sur les contacts (messagerie, pseudos utilisés) ainsi que tout autre renseignement pouvant aider à l'identification de l'escroc.