Les riches sont dans le collimateur des Belges. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi matin dans l'un des quartiers les plus chics de Bruxelles pour réclamer "une fiscalité plus juste" et dénoncer "les rentiers", notamment français, qui "viennent profiter du système belge". Entre 8.000 et 10.000 personnes, selon les organisateurs, se sont rassemblées à l'appel de la FGTB (Fédération générale des travailleurs belges), l'un des deux grands syndicats du pays, proche du Parti socialiste.
Le lieu de cette manifestation sociale était inédit. Au lieu des grands boulevards du centre de la capitale, la FGTB avait choisi Ixelles, un quartier du sud plutôt huppé "qui abrite des rentiers qui éludent l'impôt", a déploré Anne Demelenne, secrétaire générale du syndicat.
Le débat sur les particularismes du régime fiscal belge a été relancé par l'annonce, le week-end dernier, que Bernard Arnault, le patron de LVMH, avait l'intention de demander la nationalité belge. Cette volonté avaient enflammé le débat au moment où le gouvernement français envisage de taxer à 75% les plus hauts revenus.
>>> A lire : L’autre opération d’Arnault en Belgique
"Ils se servent de la Belgique"
De nombreux Français vivent également dans ce quartier vert, proche de la commune d'Uccle où le milliardaire Bernard Arnault possède également un appartement depuis peu.
"Nous ne visons absolument pas les Français en général. Ils sont environ 200.000 en Belgique et seuls de 2.000 à 5.000 sont des rentiers. Nous ciblons ceux qui se servent de la Belgique pour éviter de payer leurs impôts en France", a lancé Anne Demelenne.
Berlusconi, Bettencourt, la reine d'Angleterre
Des manifestants ont donc brandi des pancartes présentant les photos de Bernard Arnault mais aussi de la reine d'Angleterre, de l’héritière de l'Oréal, Liliane Bettencourt ou de l'ex-Premier ministre italien, Silvio Berlusconi au dessus de l'inscription "Je veux devenir belge".
Concrètement, les manifestants réclament une meilleure progressivité de l'impôt sur les plus hauts revenus, la levée du secret bancaire, ou encore la taxation des plus-values. "Nous demandons que les revenus financiers soient taxés à la même hauteur que les revenus du travail, de l'ordre de 28%", a affirmé Anne Demelenne.
Plus largement, le syndicat FGTB s'inquiète du déclassement global du niveau de vie en Belgique. "Le pouvoir d'achat est sous pression et la pauvreté menace de nombreux travailleurs et allocataires sociaux. Dans certains pays comme l'Allemagne, des milliers de pensionnés (retraités, ndlr) doivent faire des petits boulots pour survivre", a protesté Rudy De Leeuw, président de la FGTB dans La Libre Belgique qui ajoute : "je n'accepterai jamais ce modèle-là en Belgique".