Draps tachés de sang. Nous sommes en pleine nuit, voilà neuf heures que le docteur Ben Moussa manie le scalpel au bloc opératoire. La scène pourrait paraître banale, mais le sang qui tache les draps des lits d'hôpital ne trompe pas : quelques heures auparavant, une attaque meurtrière a été menée par deux hommes armés de kalachnikovs au musée du Bardo, faisant 21 morts dont les deux assaillants et 44 blessés.
"Ça fait très mal". Mais le docteur Ben Moussa, lui, n'a pas le temps de s'apitoyer : il opère deux Françaises de 53 et 59 ans. L'une a l'épaule éraflée par une balle, l'autre est en état de choc. Le médecin panse les plaies et apaise les esprits : "On a fait les soins nécessaires pour nettoyer la plaie. Une des victimes m'a dit qu'ils étaient au premier étage. Ils ont vu des gens cagoulés et ont assisté à une scène de grande violence : une fusillade, des cadavres, du sang, des cris, des morts à côté d'elle… C'est un gros coup, ça fait très mal c'est sûr."
"Je ne trouve pas les mots". Quelques couloirs plus loin dans les couloirs de l'hôpital, une infirmière n'en revient toujours pas : "Je n'ai jamais pensé que les terroristes viendraient jusque dans le centre-ville. C'est très dur, je ne trouve même pas les mots pour expliquer ce que je ressens."
Victimes et assaillants dans le même hôpital. Comment mettre des mots pour l'instant, tant le choc est abrupt et violent ? Un touriste japonais, accompagné du légiste, vient reconnaître le corps de sa femme : "Comparer une photo à un cadavre, c'est jamais évident", explique le médecin à ses côtés. Il y a quelques heures, ils étaient un couple de touristes en croisière. En quelques secondes, le voyage a tourné au cauchemar. Un cauchemar dans lequel les ont fait basculer les deux auteurs de l'attaque, dont les corps sans vie reposent à l'étage.
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