L'INFO. Alcoolisme, vols, manque de courtoisie, etc. En Australie, la réputation des touristes français est bien écornée. Dans une lettre ouverte au vitriol, Eric Berti, le consul général de France à Sydney réclame ouvertement plus de tenue de la part de ses propres compatriotes, rapporte un blog du Monde.fr."N'hésitez pas à sensibiliser les jeunes Français autour de vous au comportement qui est attendu d'eux, dans un pays où l'honnêteté et le respect des valeurs et des autorités sont d'une importance primordiale", affirme le haut fonctionnaire.
"Le french shopping". Dans le viseur du consul : une partie des 22.000 "back-packers" qui viennent chaque année dans les contrées australiennes avec un visa d'un an vacances-travail. Depuis plusieurs mois, le vol à l'étalage serait devenu une pratique régulière de certains "frenchies" au point qu'il existe désormais une expression consacrée : le "french shopping". Dans certains supermarchés de Sydney, les vigiles surveillent de près les clients au fort accent français. "Des consignes de sécurité", affirme Damien qui est chargé de la sécurité au magasin de Pyrmont, dans le centre-ville.
Ce phénomène touche tout le territoire. Outre Sydney, des vols ont été recensés dans de nombreuses zones touristiques, y compris dans les villes de l'ouest du pays, comme Exmouth et Carnarvon. En 2011, une vingtaine de personnes auraient été arrêtées pour des petits larcins à l'étalage, précise le Sydney Morning Herald.
La fin du "french lover". François Xavier est restaurateur depuis 20 ans à Sydney. Il raconte ces comportements déplacés des Français, au micro d'Europe 1. "On voit des petits panneaux dans le quartier sur lesquels il est écrit : attention Français, vous êtes filmés". Le restaurateur souligne une vraie différence de culture entre Français et Australien à l'égard des autorités. "c'est la fin de l'image du french lover", ajoute-t-il, soulignant que "cette nouvelle génération manque un peu de civisme".
Des "conséquences". Dans sa lettre, le consul de France égratigne ce manque de civisme. "Comportement provocateur et bruyant, alcoolisme, manque de respect pour la police et les autorités", énumère Eric Berti. Toutefois, "si elles restent minoritaires, ces attitudes peuvent avoir des répercussions sur l'ensemble de la communauté française en Australie, et pénaliser fortement les jeunes gens titulaires de visas vacances travail dans leur recherche d'un emploi", poursuit le fonctionnaire français.
Cette "charge" contre les Français aurait pour origine la dégradation, au début de l'année, d'un cénotaphe (un monument élevé à la mémoire d'une personne, ndlr) sur la Martin Place, un lieu central de Sydney, précise le Sydney Morning Herald. A l'époque, la police avait décrit le vandale comme "un crétin irrespectueux".
Pourquoi de tels débordements ? "Ces individus sont jeunes et parfois peu responsables. Certains profitent du fait qu'il n'y a pas de sonneries à la sortie des magasins et que les caméras ne permettent pas toujours d'identifier les voleurs", explique un consultant de Boomrang Australia Studies, un organisme d'éducation chargé de conseiller les jeunes avec un visa vacances-travail, interrogé par le Petit journal australien. "On rencontre souvent des jeunes arrivés par hasard en Australie en pensant trouver rapidement du travail et vivre comme des rois. C'est faux. Ces jeunes mal préparés se retrouvent en difficulté...", poursuit l'organisme pour expliquer ces déboires recensés.
Et cela a déjà quelques conséquences : la réputation des "backpackers" est "déplorable" et certains Français évitent de traîner avec leur compatriote dans un pays où "l'honnêteté est une valeur très importante", précise ce consultant. Petit conseil : "des cours de remise à niveau systématique en anglais pour qu'ils puissent au moins trouver un travail car le nerf de la guerre c'est bien sûr le coût de la vie en Australie et particulièrement à Sydney où la majorité d'entre eux arrivent et restent un certain temps", conclut ce responsable de Boomrang Australie Studies.
Une initiative du Consul. Cette médiatisation a conduit, par la suite, le consulat français à mettre de l'eau dans son vin. La porte-parole du consul a ainsi expliqué que "la même chose peut arriver aux jeunes Australiens en visite à Bali ou en Chine".
Contacté par Europe 1, le quai d'Orsay précise qu'il s'agit "d'une initiative du consul qui est totalement dans le cadre de ses fonctions". L'objectif est "d'alerter sur des comportements et de redorer l'image de la France à l'étranger". Un recadrage consulaire qui n'est pas une première même si "ce n'est pas fréquent pour autant... et heureusement", précise-t-on au ministère des Affaires étrangères.