L'INFO. Alors que 17 membres du Conseil d'Etat vont devoir trancher jeudi sur le maintien en vie de Vincent Lambert, âgé de 38 ans, certains de nos voisins européens sont en avance sur cette question. C'est le cas de la Belgique qui s'apprête jeudi à légaliser l'euthanasie pour les enfants, sans condition d'âge. Une mesure déjà autorisée pour les adultes depuis 2002. Un récent sondage montre que les trois quarts des Belges soutiennent cette proposition. D'ailleurs l'euthanasie pour les mineurs est déjà appliquée dans les faits.
>>> Daniel, interrogé par Europe 1, a respecté le choix de sa fille adolescente (et fille unique) qui était atteinte d'un cancer incurable.
"La maladie lui a donnée une maturité, une combativité que je ne lui connaissais pas", assure d'emblée ce père. "Trois semaines avant son décès, elle nous a dit : 'tant que j'ai une petite lueur d'espoir, j'accepte de souffrir. Le jour où il n'y a plus d'espoir, je vous demande de m'aider à partir", raconte Daniel au micro d'Europe 1.
"La décision est cornélienne". "Quinze jours après, le médecin nous a dit qu'il n'y avait plus rien à faire. Les métastases avaient envahi le corps donc il n'y avait aucune issue. A un moment, notre fille a fait une crise et elle a dit : 'je n'en peux plus'. Et donc on l'a endormie. On l'a plongée dans un coma et on l'a aidée à partir", témoigne Daniel. "Pour nous les parents, la décision est cornélienne. Vous devez accepter que votre enfant meure, qu'il y ait donc cette séparation définitive, et d'essayer de tenter de vous imaginer que vous ne verrez plus votre enfant", explique Daniel très ému qui conclut : "elle est partie et jamais, je ne me suis posé la question de savoir si j'avais fait le bon ou le mauvais choix.
Que prévoit la future loi ? Les conditions seront "strictes", selon les députés partisans de la loi : le mineur devra se "trouver dans une situation médicale sans issue entraînant le décès à brève échéance", être confronté à une "souffrance physique constante et insupportable qui ne peut être apaisée et qui résulte d'une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable".
Le législateur belge a choisi de ne pas imposer d'âge minimum, contrairement aux Pays-Bas, où il est de 12 ans, pour lui préférer la notion de "capacité de discernement". Cette capacité de l'enfant à comprendre le "côté irréversible de la mort" sera estimée au cas par cas par l'équipe médicale et par un psychiatre ou un psychologue indépendant. Et les parents devront donner leur consentement.
"Un enfant de sept, huit ou neuf ans peut-il vraiment demander une euthanasie en toute autonomie ?", s'est interrogée la députée chrétienne-démocrate Sonja Becq, dont le groupe votera contre la proposition. Elle a également dénoncé "les lacunes d'une loi" préparée "dans la précipitation" et qui, selon elle, ne précise pas suffisamment la notion de "capacité de discernement" ou ne prévoit pas le cas où les parents ne seraient pas d'accord entre eux.
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