Belgique : pas d'euthanasie pour le violeur qui voulait mourir

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avec AFP , modifié à
A cinq jours de la date prévue, les médecins de Frank Van Den Bleeken ont mis fin à la procédure d'euthanasie. Aucune explication n'a été donnée.

Il réclamait de mourir. Les médecins de Frank Van Den Bleeken, un violeur et meurtrier belge, ont mis un terme à la procédure d'euthanasie que le détenu avait obtenu au mois de septembre. Cette décision a été annoncée cinq jours avant la procédure prévue à la prison de Bruges, a annoncé mardi le ministre belge de Justice.

Le ministre n'a founi aucune précision sur les motifs de ce revirement, indiquant seulement que "les motivations personnelles de cette décision relèvent du secret médical". Frank Van Den Bleeken avait avancé l'argument d'une souffrance psychique insupportable. Il a déjà passé près de 30 ans en internement pour plusieurs viols et un meurtre en 1989. "Me laisser indéfiniment derrière les barreaux, ça n'aide personne. Ni moi, ni la société, ni les victimes", exprimait-il.

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Peut-être transféré vers les Pays-Bas. Frank Van Den Bleeken sera transféré dans un centre psychiatrique de Gand, dans l'ouest du pays, a ajouté Koen Geens, promettant un meilleur encadrement des personnes atteintes de "troubles psychiques profonds". Le criminel avait auparavant attaqué le ministre de la Justice pour obtenir son transfert vers une institution capable de prendre en charge ses troubles psychiques. En outre, selon le ministre, des "contacts très récents et intenses" avec les autorités néerlandaises "offrent une claire perspective d'un transfert rapide vers un centre spécialisé dans les longs séjours d'internement".

Les limites de la loi sur l'euthanasie. La polémique enflait en Belgique depuis l'annonce de la date de l'euthanasie, beaucoup dénonçant dans cette évolution un détournement de la loi sur l'aide à la fin de vie. Cette affaire a souligné les limites de la loi de 2002 autorisant dans certaines conditions l'euthanasie, dont la présence "d'une souffrance physique ou psychique constante et insupportable". La Ligue belge des droits de l'Homme a notamment jugé que le choix du quinquagénaire était "le résultat direct des manquements de l'Etat Belge à son obligation de prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux".

Le ministre de la Justice a promis mardi de développer dans les six prochains mois un "plan en vue de l'organisation d'une capacité concrète d'accueil en Belgique" des internés souffrant de troubles psychiques profonds, alors que le pays a été plusieurs fois condamné par la Cour européenne des droits de l'homme pour ses carences dans ce domaine.