Le Pakistan était-il au courant de la présence de Ben Laden sur son sol ? De nombreux responsables politiques occidentaux montrent le Pakistan du doigt, alors que le leader d’Al-Qaïda vivait depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, près d'une académie militaire à Abbottabad, au nord d'Islamabad, avant d’être tué dans la nuit de dimanche à lundi par un commando américain.
"Tout le monde a échoué"
Mais les autorités pakistanaises tentent de désamorcer la polémique. Le Premier ministre pakistanais, en visite mercredi à Paris a répondu aux critiques. "Ils sont aveugles parce que nous luttons contre le terrorisme depuis très longtemps. Et on a toujours partagé nos informations avec tous ces pays", assure Yousuf Raza Gilani, avant de renvoyer la balle :"si nous avons échoué, ça veut dire que tout le monde a échoué. Et eux aussi".
"Nous avons toujours partagé nos informations", a insisté Yousuf Raza Gilani :
Quant au fait que la CIA ait décidé de faire cavalier seul dans le dernier acte de la traque de Ben Laden par crainte que les Pakistanais n'"alertent" le chef d'Al-Qaïda, Yousuf Raza Gilani assure qu’il s’en expliquera avec les membres du gouvernement américain quand il les rencontrera. "Ce raid sur Ben Laden ne pouvait pas se faire sans nous", a-t-il estimé. "On a toujours partagés nos informations avec eux", a encore plaidé le chef du gouvernement pakistanais.
"Des commentaires déplacés"
Un haut responsable de la diplomatie pakistanaise a également a assuré que son pays avait signalé dès 2009 aux Etats-Unis comme une cache possible "parmi des millions d'autres" l'endroit où Ben Laden a été découvert. "Les commentaires qui ont pu être faits sur le manque de confiance et de coopération sont de mon point de vue quelque peu déplacés", a jugé Salman Bashir, le plus haut fonctionnaire au ministère pakistanais des Affaires étrangères.
Pourtant, les Etats-Unis ne sont pas les seuls à mettre en cause la responsabilité du Pakistan. Le Premier ministre britannique David Cameron a indiqué qu'il avait "des questions" à poser au Pakistan. "Le fait que Ben Laden ait vécu dans une grande maison dans un quartier résidentiel montre qu'il devait avoir un réseau de soutien au Pakistan", a-t-il estimé.
Alain Juppé a lui aussi jugé que la position du Pakistan manquait "de clarté". Le ministre des Affaires étrangères dit avoir "un peu de mal à imaginer que la présence d'une personne comme Ben Laden (...) ait pu passer complètement inaperçue".