Les trois informations du week-end :
- L'armée a désigné samedi le lieutenant-colonel Isaac Zida pour conduire le régime de transition au Burkina Faso. Âgé de 49 ans, il était jusqu'à présent le numéro 2 de la garde présidentielle.
- Quelques heures après la désignation de Zida, les partis de l'opposition et les organisations de la société civile ont exigé une transition "démocratique et civile", refusant la confiscation du pouvoir par l'armée. Des revendications partagées dimanche par la médiation internationale, conduite par la mission de concertation tripartite ONU-Union africaine - Cédéao.
- L'armée a pris le contrôle dimanche de la radio-télévision nationale burkinabè à Ouagadougou. Des soldats ont tiré en l'air pour disperser l'opposition, qui manifestait pour dénoncer la "confiscation" par l'armée de la transition politique. Un jeune Burkinabè a été tué par balle.
Zida, nouvel homme fort du Burkina Faso
Vingt-quatre heures après la démission du président Blaise Compaoré, un jeune officier, le lieutenant-colonel Isaac Zida, a été désigné samedi pour conduire un régime de transition. Les hauts gradés, réunis à l'état-major, ont rapidement tranché en faveur de Zida, numéro 2 de la garde présidentielle. Le communiqué des militaires est resté très flou sur la suite des événements.
Depuis la démission et la fuite du président Blaise Compaoré, chassé après 27 ans au pouvoir par une insurrection populaire, Zida se disputait le pouvoir avec le chef d'état-major des armées, le général Nabéré Honoré Traoré. Les deux militaires s'étaient livrés à une guerre de communiqués, affirmant tous deux vendredi assumer les responsabilités de "chef de l'Etat".
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Des milliers de manifestants réclament une transition civile
Cette désignation ne passe pas auprès des opposants, à l'origine de la démission de Blaise Compaoré. Les partis d'opposition et les organisations de la société civile refusent toute idée de transition militaire, exigeant un pouvoir civil. Rassemblés dimanche place de la Nation, haut lieu de la contestation publique, ils ont été dispersés par des soldats de l'unité d'Isaac Zida.
Après avoir tiré en l'air pour faire fuir les milliers d'opposants, l'armée a simultanément pris le contrôle de la radio-télévision nationale et la place de la Nation, deux lieux stratégiques de la capitale Ouagadougou. Un jeune Burkinabè a été tué par balle lors de ces tirs de sommation. L'armée n'a pas donné de détails sur les circonstances de sa mort, estimant qu'il s'agissait vraisemblablement d'une balle perdue. Selon l'opposition, une trentaine de personnes ont été tuées depuis une semaine. L'AFP a de son côté eu confirmation d'au moins six tués, dont deux par balles.
Face à la contestation, l'armée a voulu rassurer, réaffirmant dimanche soir son engagement à mettre en place un régime de transition dans la concertation. Une annonce survenue à la suite d'une rencontre entre les responsables de l'opposition et Isaac Zida. "Un organe de transition sera mis en place avec toutes les composantes qui seront arrêtées par un large consensus, et dont la durée sera précisé", précise un communiqué.
La communauté internationale condamne le nouveau pouvoir militaire
Les condamnations fusent également du côté de la communauté internationale, Etats-Unis en tête. Dans la nuit de samedi, Washington, un des alliés privilégiés du Burkina, a appelé "l'armée à transférer immédiatement le pouvoir aux autorités civiles". La médiation internationale tripartite au Burkina, conduite par l'ONU, l'Union africaine et la Cédéao, l'organisation régionale de l'Afrique de l'Ouest, a quant à elle évoqué la menace de "sanctions".
L'Union européenne a appelé dimanche l'armée du Burkina Faso à respecter les droits fondamentaux de la population. La constitution, que les militaires disent avoir suspendue, stipule en effet que le président de l'Assemblée nationale assure l'interim du pouvoir en cas de vacance du pouvoir.
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Blaise Compaoré en Côte d'Ivoire
De son côté, Blaise Compaoré a trouvé refuge vendredi soir à Yamoussoukro , la capitale administrative ivoirienne. L'ancien couple présidentiel a posé ses valises dans l'une des résidences les plus prestigieuses de Côte d'Ivoire, la "villa des hôtes". Une bâtisse surnommée le "Giscardium", en raison de son inauguration par Valéry Giscard d'Estaing lors de sa première visite officielle dans les années 1970.
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En Côte d'Ivoire, les réactions oscillent entre accueil enthousiaste et franche hostilité. Blaise Compaoré y est accusé d'avoir soutenu la rébellion qui a porté au pouvoir Alassane Ouattara en Côte d'Ivoire, après la crise post-électorale de 2010-2011, qui avait provoqué la mort de plus de 3.000 personnes.