La polémique enfle à l’étranger après la publication par Charlie Hebdo de caricatures de Mahomet. Des voix se sont élevées en dehors de France pour critiquer cette initiative, alors qu'une vague de violences secoue le monde arabo-musulman en raison de la diffusion d’un film anti-islam.
>> Caricatures : plainte contre Charlie Hebdo
Les États-Unis mettent ainsi en doute le bien-fondé de la décision de l’hebdomadaire satirique. "Évidemment, nous avons des questions sur le jugement qui a conduit à publier de telles choses", commente mercredi le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney.
Des images "incendiaires"
"Nous savons que ces images seront très offensantes pour beaucoup et peuvent être incendiaires", indique-t-il, avant d’ajouter : "nous avons à maintes reprises rappelé qu’il était important de faire respecter la liberté d’expression qui fait partie intégrante de notre constitution". "Nous ne contestons pas le droit de publier quelque chose comme cela, mais nous contestons simplement la décision de les publier", explique-t-il encore.
En Tunisie, le parti islamiste au pouvoir, Ennahda, "condamne vivement cette nouvelle attaque contre la personne du Prophète". Estimant que les musulmans avaient "le droit de protester", Ennhada appelle "à l’utilisation de moyens civils et pacifiques".
Comparaison avec les photos de Kate
Au Caire, Essam al Erian, un haut responsable du Parti liberté et justice (PJD) des Frères musulmans "rejette et condamne les caricatures françaises qui déshonorent le Prophète" et condamne "toute action qui diffame le sacré".
Il n’hésite pas à faire le parallèle avec l’affaire des photos seins nus de la duchesse de Cambridge, Kate Middleton, dans le magazine Closer. "Si le cas de Kate est une question de protection de la vie privée, les caricatures sont une insulte à tout un peuple. Les croyances des autres doivent être respectées", martèle-t-il.
"Futilités malveillantes"
Les autorités religieuses expriment, elles aussi, leur désapprobation, à commencer par Al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite, basée au Caire, pour qui ces caricatures "portant atteinte à l’islam et à son prophète". D'après cette université islamique, ces dessins sont des "futilités malveillantes qui promeuvent la haine au nom de la liberté".
De son côté, le journal du Vatican, l’Osservatore Romano, qualifie la publication d’ "initiative discutable", qui "jette de l’huile sur le feu", "alors que l’on cherche péniblement à faire baisser la tension qui traverse le monde islamique en raison du film" anti-islam".