"Clegg a été visé par un feu nourri. Je crois qu'ils l'ont poussé dans les cordes, mais ils ne l'ont pas mis au tapis", a estimé vendredi Jon Tonge, professeur en sciences politiques à l'université de Liverpool, au lendemain d'un débat télévisé où se sont affrontés les leaders des trois principaux partis politiques.
De l'avis des médias anglais, le chef du parti Libéral-Démocrate, Nick Clegg, a en effet bien résisté aux attaques de ses rivaux travailliste Gordon Brown et conservateur David Cameron jeudi lors du deuxième débat télévisé électoral en Grande-Bretagne, qui n'a pas désigné de vainqueur indiscutable.
Une question de changement
Nick Clegg avait marqué des points lors du premier débat sur le thème de la réforme politique après une année marquée par le scandale des notes de frais des parlementaires qui a éclaboussé les deux grands partis. Il avait alors promis un "vrai changement", terrain sur lequel David Cameron a contre-attaqué jeudi soir.
Plus à l'aise qu'il y a une semaine, le chef de file des Tories s'est interrogé sur la sincérité de son interlocuteur. "Je crois que les gens commencent à se lasser de ces hommes politiques qui disent : 'mon parti a été bien meilleur que les autres'. Franchement nous avons tous eu des problèmes avec ça."
Mais Nick Clegg est apparu plutôt détendu, s'exprimant avec aisance pour contrer les piques de ses adversaires. "Ne croyez pas toutes ces ridicules histoires à faire peur à propos de l'Apocalypse politique et économique" que constituerait une victoire des "Lib-Dems", a-t-il ironisé.
Une question de télégénie
Classé comme le moins télégénique des trois, Gordon Brown a résumé sa stratégie en quelques phrases liminaires : "si ce n'est qu'une question de style et de communication, ne comptez pas sur moi. S'il s'agit de prendre les grandes décisions, s'il s'agit d'offrir un meilleur avenir à ce pays, je suis votre homme."
Un sondage pour le journal The Sun établissant le podium de cette confrontation à trois a placé Cameron en tête avec 36%, Clegg deuxième avec 32% et Brown sur la dernière marche avec 29%. Une autre enquête pourITV News donne Clegg vainqueur avec 33%, devant Cameron et Brown, ex-aequo à 30%.
"Clegg en a fait suffisamment pour maintenir son parti haut dans les sondages, mais pas assez pour que cet élan aille jusqu'au point de voir les Libéraux s'emparer d'un grand nombre de sièges", conclut Wyn Grant, professeur de sciences politiques à l'université Warwick, dans le centre de l'Angleterre.