La piste d'un jeune Saoudien, connu pour être un artificier d'Al-Qaïda, est désormais privilégiée dans l'affaire des colis piégés interceptés à Dubaï et au Royaume-Uni vendredi. Alors qu'une femme yéménite a été arrêtée samedi, puis libérée sous condition dimanche, la sophistication des bombes intrigue les enquêteurs, qui y voient la main de l’artificier d’Al-Qaïda.
Les bombes contenues dans les colis piégés présentent la marque de "professionnels", selon la presse américaine. Ce professionnalisme met les enquêteurs encore un peu plus sur la piste d'Al-Qaïda. La compagnie aérienne Qatar Airways a par ailleurs indiqué dimanche que le colis intercepté à Dubaï y était arrivé par un vol passager et non par avion cargo, ce qui confirme la "qualité" de l'engin explosif, qui a donc réussi à passer les contrôles de sécurité pour voyageurs.
Les autorités yéménites ont décrété lundi des mesures "exceptionnelles" de fouille de toutes les cargaisons quittant le pays, a annoncé lundi l'agence officielle Saba. La Commission nationale yéménite de la sécurité de l'aviation civile, réunie dimanche soir, a décidé "d'appliquer des mesures de fouille exceptionnelles de toutes les cargaisons quittant les aéroports yéménites".
Ibrahim Hassan al-Asiri, suspect n°1
Les enquêteurs portent désormais leur attention sur l'artificier saoudien qui avait envoyé l'an dernier son frère cadet à la mort pour tuer le vice-ministre saoudien de l'Intérieur, un prince de la famille royale. "Les activités passées de Ibrahim Hassan Al-Asiri font de lui un suspect clé", a expliqué un responsable anti-terroriste américain dimanche.
"Nous disposons d'éléments suggérant qu'il a joué un rôle dans plusieurs complots d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique, dont la tentative d'assassinat d'un responsable saoudien et la tentative d'attentat à Noël l'an dernier", sur le vol Amsterdam-Detroit, a-t-il ajouté.
Ibrahim Hassan al-Asiri, 28 ans, qui figure sur la liste des hommes les plus recherchés d'Arabie saoudite, avait introduit un explosif à la penthrite dans la cavité rectale son frère Abdullah, qui s'était fait exploser lors d'une entrevue avec le prince Mohammed bin Nayef, chargé de la lutte antiterroriste. Le prince n'avait été que blessé.
Déjà derrière la dernière tentative d’attentat
L'artificier saoudien, installé au Yémen, est considéré également comme celui qui a conçu et réalisé la bombe à la penthrite, placée dans le slip de Farouk Abdulmutallab, le jeune Nigérian qui avait échoué à faire sauter un avion de ligne près de Détroit en décembre dernier.
Déjouer les contrôles de sécurité
La bombe découverte à Dubaï était dissimulée dans une imprimante de bureau de marque Hewlett-Packard, dont une la cartouche d'impression était bourrée d'un explosif puissant.
"Le câblage du dispositif montre que cela a été fait des professionnels", a déclaré un des enquêteurs au New York Times, et "c'était monté de telle sorte qu'au scanner, tous les composants de l'imprimante seraient apparus normaux". La bombe découverte en Grande-Bretagne était également dissimulée dans une cartouche d'impression, relève le journal.