On commence à en savoir plus sur les mécanismes qui ont mené la Grèce droit dans le mur. Selon les journaux New York Times, Risk Magazine et Der Spiegel, la banque d’affaire Goldman Sachs aurait permis à l'Etat grec de maquiller la réalité de sa dette pendant de nombreuses années.
Chronique d’une catastrophe annoncée
Tout commence en 2001. La banque Goldmann Sachs devient le conseiller du gouvernement grec pour aider l’Etat à emprunter des milliards, alors que la Grèce vient tout juste d'adhérer à l'Union monétaire européenne.
Mais pour trouver ces financements, Goldman Sachs profite des failles de la réglementation et des produits opaques pour permettre à la Grèce de s’endetter sans que cela ne soit visible. En 2002, Athènes emprunte un milliard d'euros en usant d'un produit financier complexe qui lui permet de ne pas inscrire cette opération dans ses comptes.
Résultat : le pays se retrouve avec des dettes abyssales. Le véritable montant du déficit a depuis été révélé : il s'est élevé en 2009 à 12,7% du PIB, le double de ce qui était prévu, provoquant une perte de crédibilité importante de la Grèce sur les marchés financiers.
Le double jeu de Goldman Sachs
Pour ces services de conseils, Goldman Sachs a reçu de nombreuses commissions. La banque a engrangé quelques 300 millions de dollars de commission pour le montage financier de 2001, selon le New York Times, qui cite "plusieurs banquiers au courant de la transaction".
Lorsque le véritable montant des dettes grecques est rendu public fin 2009, Goldman Sachs intervient sur les marchés financiers : la banque d’affaire parie alors sur l’incapacité de la Grèce à rembourser ses dettes, engrangeant à nouveaux de confortables plus-values.
Les politiques haussent le ton
L’Allemagne, très attachée à la bonne gestion de l’argent public, n’a pas tardé à réagir. La chancelière allemande Angela Merkel a vivement critiqué les banques mercredi, estimant "scandaleux" qu'elles aient pu aider la Grèce à maquiller sonle déficit budgétaire : "C'est un scandale s'il s'avère que les banques, qui nous ont déjà amenés au bord du précipice, ont également participé à la falsification des statistiques budgétaires de la Grèce".
"C'est une question qu'on doit se poser et à laquelle on doit avoir la réponse, je ne l'ai pas aujourd'hui", a déclaré jeudi la ministre de l’économie Christine Lagarde. "Il faut savoir si cela a été du maquillage de comptes et si cela a été légal ou pas à l'époque où ça a été fait", a-t-elle ajouté.