Bilan mitigé, histoire nationale compliquée. Il est le grand favori à sa propre succession. Alassane Ouattara, le président ivoirien, a officiellement été désigné candidat par son parti pour la prochaine élection présidentielle, prévue en octobre 2015. Pourtant, le premier mandat de cet ancien du FMI à la tête du pays s'achève sur un bilan mitigé, sujet à débats. Authentique démocrate et artisan du renouveau économique pour les uns, rebelle installé par la France et promoteur d'une "justice des vainqueurs" pour d'autres, le président ivoirien Alassane Ouattara incarne une Côte d'Ivoire déchirée entre blessures du passé et quête de prospérité.
Accusé de partialité. S'appuyant sur une croissance d'environ 9% par an entre 2012 et 2014, le président assène ses slogans sur "l'émergence", à laquelle la Côte d'Ivoire aspire à l'horizon 2020.Le président Ouattara peut en outre se flatter d'avoir accompagné l'apaisement de la Côte d'Ivoire après la crise. Il s'est attaché à normaliser le pays, et les multiples check-points qui rendaient Abidjan invivable ont ainsi disparu. Chantre d'une Côte d'Ivoire "qui gagne", il n'hésite pas à surfer sur le succès de l'équipe nationale à la Coupe d'Afrique des Nations 2014, s'affichant de nombreuses fois aux côtés des footballeurs victorieux. Mais ce premier mandat est terni par le bilan, décrié par l'opposition et la société civile, de son régime en termes de justice et de réconciliation. Seuls les partisans de l'ancien régime ont jusqu'à présent été poursuivis pour les crimes commis durant la crise de 2010-2011 alors des ex-rebelles accusés de tueries durant le conflit ont été promus aux plus hautes fonctions dans les forces de sécurité.
Un parcours politique tortueux. Premier ministre du "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny, haut dirigeant du Fonds monétaire international, chef de l'Etat... : ce CV en or ne dit rien de la vie tumultueuse qu'a vécue ce technocrate policé de 73 ans au fil des convulsions ivoiriennes de ces deux dernières décennies. Candidature refusée à la présidentielle de 2000 pour "nationalité douteuse", il est ensuite accusé par le régime de Laurent Gbagbo d'être le "cerveau de la rébellion qui agite le nord du pays (dont Ouattara est originaire, alors que Gbagbo est populaire dans le sud). Finalement, sous la pression internationale, la candidature de Ouattara sera validée en 2005, mais le scrutin présidentiel ne se tiendra qu'en 2010. S'en était alors suivi un an de troubles, avant ce 11 avril 2011 qui avait enfin vu Alassane Ouattara accéder au pouvoir. Nul doute que ce réformateur policé espère que le scrutin à venir se déroulera dans un climat plus serein.
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