Jeudi midi, Laetitia Hebie s'est rendue à l'aéroport d'Orly pour aller chercher son cousin, Jean-Michel, 34 ans, qui devait arriver du Burkina Faso pour effectuer un stage en France. Au micro d'Europe 1, elle raconte être allée à l'aéroport et avoir "appelé [sa] famille pour leur dire que le vol allait arriver à 12h39". "Dix minutes plus tard, ma mère me rappelle et me demande le numéro du vol", explique la jeune femme, qui n'a "pas compris sur le coup". Son cousin voyageait à bord du vol d'Air Algérie dont l'épave a été retrouvée dans la nuit de jeudi à vendredi au Mali.
"Personne pour nous informer". "C'est là qu'elle m'explique qu'il y a un avion qui a disparu. La première chose que je lui dis, c'est 'maman, ne t'inquiète pas'". Laetitia Hebie raccroche, et regarde les informations sur son téléphone. "J'ai vu que c'était réellement son avion qui avait disparu. J'ai commencé à regarder autour de moi. Je voyais qu’aux arrivées, personne n’était au courant. Il n’y avait personne pour nous informer de la situation". Elle se tourne alors vers le stand d'une agence de voyage, qui la redirige vers les services d'Aéroports de Paris.
Le témoignage de Laetitia Hebie :
"Ils n'avaient pas de nouvelles". Ce n'est qu'à 14h30 qu'un policier prend en charge Laetitia et sa cousine venue la rejoindre. "Ils nous ont pris en charge, ils nous ont dit : 'on va vous mettre en contact avec une cellule de crise qui va s’occuper de vous, vous donner des informations sur votre cousin'". Puis, "quand nous sommes montées dans la cellule de crise, notre première surprise, c’était de voir que nous étions toutes seules, ma cousine et moi", poursuit Laetitia Hebie. L'attente est longue : "on a rempli des paperasses administratives, on attendait d'avoir des nouvelles". "A la fin de cet interrogatoire, ils nous ont dit qu'ils étaient comme nous, qu'ils n'avaient pas de nouvelles"', explique la jeune femme. Entre temps, d'autres membres de la famille, dont sa mère, sont arrivés à l'aéroport. Mais "rien, aucune nouvelle. Ils nous ont proposé de rentrer chez nous, escortés par la police, pour éviter les médias".
>> LIRE AUSSI - L'épave repérée dans "une zone dangereuse"
"C'est grâce aux médias qu'on a des informations". Laetitia Hebie est aussi en contact avec le quai d'Orsay. "La première fois qu’on les a eu, ils nous ont rappelés pour nous dire que notre cousin était bien à bord de cet avion mais qu’ils ne pouvaient pas nous donner d’informations à nous, car nous ne faisons pas partie de la famille. Pourtant, c'est nous qui devions l'accueillir...", raconte-t-elle. Les autorités lui expliquent qu'elles ne peuvent contacter que le frère ou les parents de Jean-Michel, qui est marié et père d'un enfant. Mais ses parents "ne parlent pas français". A 23 heures, la famille contacte à nouveau le quai d'Orsay. "C'est là qu'on nous a dit qu’ils n'allaient pas s’occuper de nous parce que notre cousin n’est pas français [il a la nationalité burkinabée, ndlr], qu’il fallait appeler directement l’ambassade du Burkina Faso", raconte Laetitia Hebie. "Aujourd'hui, on n'a aucune nouvelle, c’est grâce aux médias qu’on a des informations", souligne-t-elle, ajoutant : "ils ont même pris le numéro de son frère au pays, mais ils ne l’ont pas tenu informé de la situation".
"Je ne savais pas où me tourner". Avec des sanglots dans la voix, elle confie attendre "la confirmation de la France" [de la mort de son cousin, ndlr]. "On est dévastés", affirme-t-elle.
Laetitia Hebié : "C'est grâce aux médias qu'on...par Europe1fr"Je suis restée plus de 6 heures à l’aéroport, sans aucune nouvelle", poursuit la jeune femme, ajoutant : "Air Algérie, ils m’ont même repoussée en me disant 'on est au courant de rien', ils ne m’ont même pas prise en charge, ils ont vu que j’étais seule, ils m’ont laissée dans l’incertitude, le vide. Je ne savais même pas où me tourner".
>> LIRE AUSSI - Les différentes hypothèses sur le crash de l'avion d'Air Algérie