L'armée russe a lancé un ultimatum aux Ukrainiens, avant de finalement se rétracter. Du côté de l'Europe, Laurent Fabius et ses homologues de l'UE ont réagi en annonçant qu'un conseil européen se tiendra jeudi pour décider des sanctions prises à l'encontre de Moscou.
LES INFOS DE LA JOURNÉE DE CE LUNDI
- Des soldats, sûrement russes, sont stratégiquement postés en Crimée.
- L'armée ukrainienne, en état d'alerte, n'a pas encore réagi.
- Le gouvernement ukrainien rapporte avoir reçu un ultimatum de la flotte russe.
- Le vice-amiral à la tête des forces russes dément une telle menace.
L'ESSENTIEL
Ianoukovitch a demandé l'aide militaire de Moscou. Le président déchu ukrainien Viktor Ianoukovitch a demandé au président russe Vladimir Poutine l'aide militaire de la Russie "pour défendre la population ukrainienne", a affirmé lundi l'ambassadeur russe à l'ONU. S'exprimant devant le Conseil de sécurité, Vitali Tchourkine a cité un "message" en ce sens adressé à M. Poutine dans lequel M. Ianoukovitch affirme que "l'Ukraine est au bord de la guerre civile à la suite des événements intervenus à Kiev". "Des vies sont menacées (...) des gens persécutés", ajoute le message cité par l'ambassadeur. L'ex-président ukrainien y "demande l'utilisation des forces armées de la fédération de Russie pour protéger la population ukrainienne", a-t-il ajouté.
"C'est une absurdité totale". C'est à n'y plus rien comprendre. Alors que la flotte russe avait encore durci le ton en lançant un ultimatum à l'adresse des forces ukrainiennes cet après-midi, l'Etat-major de l'armée est revenu sur ses déclarations."C'est une absurdité totale" a déclaré un officier lors d'une conférence au quartier général, assurant qu'"aucune attaque n'est en préparation". La réaction de la Douma, le Parlement russe, n'est sûrement pas étrangère à ce revirement radical. Son président Sergueï Narychkine a en effet jugé que l'intervention armée en Crimée n'était "pas nécessaire pour le moment". Armée et Parlement ont donc fini par accorder leurs violons.
De son côté, Kiev campe pour l'instant sur ses positions. "Jamais l'Ukraine ne cédera la Crimée", a martelé le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk dans la matinée. Il dit son pays "au bord de la catastrophe" après "la déclaration de guerre" de la Russie. Il a mobilisé l'ensemble de ses réservistes, mais n'a ordonné pour l'instant aucune riposte.
L'AFP a publié une infographie des forces militaires en présence.
#Ukraine: les forces russes en #Crimée#AFPpic.twitter.com/dVG7Il9coU— Agence France-Presse (@afpfr) 3 Mars 2014
Conséquences économiques. La Russie fait face à un revers économique après un week-end de menaces militaires sur l'Ukraine. Lundi, la bourse de Moscou s'est écroulée, accusant une baisse de plus de 10 points sur la journée. Le rouble est tombé à son plus bas niveau historique, ce qui a poussé la banque centrale russe à relever son taux directeur à 7%.
L'Ukraine joue la prudence en augmentant depuis quelques jours ses importations en gaz russe. Kiev, qui dépend de Moscou pour ses hydrocarbures, craint en effet une flambée des prix.
La voix de la Russie. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dénonce les menaces de "sanctions" et de "boycott" venant des puissances occidentales.
Vladimir Poutine n'a toujours pas officiellement lancé d'assaut sur la Crimée, mais dimanche, des soldats se disant russes, mais sans écusson national, ont pris position dans plusieurs points stratégiques de la péninsule. Le ministre canadien des Affaires étrangères a parlé d'une "agression à la soviétique du président Poutine qui envahit le pays voisin". Un poste de gardes-côtes est occupé par 1.000 hommes. Parallèlement, la Russie a également lancé la construction d'un pont sur la mer Noire reliant son territoire à la Crimée.
Des observateurs de l'OSCE. Les Etats-Unis ont demandé à l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe d'envoyer immédiatement des observateurs en Ukraine. Les émissaires devront "assurer la protection des droits des minorités" et "veiller au respect de l'intégrité territoriale", a plaidé l'ambassadeur américain auprès de l'OSCE.
Par ailleurs, le G7 se dit prêt à ouvrir son portefeuille. Les ministres des Finances du G7 ont proposé d'aider financièrement l'Ukraine. Des représentants du FMI sont attendus mardi à Kiev, où ils resteront dix jours afin d'évaluer la situation économique du pays et de "discuter des réformes à engager". Parallèlement, la préparation du G8 qui doit se tenir à Sotchi début juin est suspendue.
#Ukraine Nécessité de fermeté, il a été décidé que les pays qui font partie du G8 arrêteraient la préparation du sommet de Sotchi— Laurent Fabius (@LaurentFabius) 3 Mars 2014
Sanctions européennes. Le conseil des ministres des Affaires Etrangères européens qui se déroulait ce lundi n'a pas accouché de grandes décisions. Les membres des gouvernements des 27 ont simplement gelé les discussions avec la Russie sur la question de l'obtention des visas. Un conseil européen sur la situation en Crimée pourrait néanmoins se tenir jeudi, où "les ponts pourraient être coupés sur beaucoup de sujets" avec la Russie, a annoncé aujourd'hui Laurent Fabius. La représentante de l'UE pour les Affaires Etrangères Catherine Asthon a appelé la Russie à "rappeler ses troupes" et à "entamer le dialogue" avec l'Ukraine.
#Ukraine La suspension de la discussion sur les visas, sur les accords économiques ont été évoqués— Laurent Fabius (@LaurentFabius) 3 Mars 2014
La France reste quant à elle pragmatique et n'envisage pas pour l'instant de suspendre ses contrats d'armements avec Moscou, a annoncé le ministre des Affaires Etrangères. La Russie a commandé deux bâtiments navals de l'entreprise française MBDA.
Poutine accepte le principe d'un dialogue. Le président russe a affirmé à la chancelière allemande que "la situation extraordinaire" justifie les mesures prises pour la Crimée. Mais il a malgré tout accepté la proposition d'Angela Merkel de former un groupe de dialogue. Si cette première déclaration semble aller dans le sens de l'apaisement, en revanche, le ministère des Affaires Etrangères a jugé "inadmissibles les menaces exprimées par John Kerry". Le secrétaire d'Etat américain avait parlé d'une "agression" et d'une "invasion" russe en Crimée. La réflexion faite par Barack Obama dans la soirée n'a pas du plaire beaucoup plus au Kremlin: le président américian juge quant à lui que la Russie est "du mauvais côté de l'Histoire".
Voix discordantes. A Moscou, quelques centaines de personnes se sont rassemblées pour protester contre l'intervention militaire russe en Ukraine. Selon le site d'informations Ovdinfo.org, 361 personnes ont été arrêtées.
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SUR LE RING - Un boxeur russe envoyé en Crimée
ANALYSE - Quel scénario pour la Crimée ?