Certains auraient été tués à cause de leur ethnie. D’autres à cause de leurs idées politiques. Dans un rapport rendu public mercredi, Amnesty International rapporte les témoignages de milliers de victimes ivoiriennes qui ont vu les leurs se faire abattre. "Des centaines de personnes ont été tuées illégalement. Des femmes et des adolescentes ont été victimes de violences sexuelles, y compris de viols, et des centaines de milliers de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile", écrit Amnesty.
Gbagbo et Ouattara…
Et le camp du président sortant Laurent Gbagbo n’est pas le seul en cause. Les forces fidèles à Alassane Ouattara ont aussi commis des crimes de guerre durant les violences consécutives au scrutin présidentiel de novembre dernier en Côte d'Ivoire, accuse mercredi l’ONG. Des hommes ayant fait allégeance au nouveau président se sont rendus coupables d'exécutions sommaires, d'incendies de villages et d'un massacre de civils à Duékoué, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, selon Amnesty.
"Les informations recueillies par Amnesty International montrent clairement que toutes les parties au conflit ont commis des crimes au regard du droit international, y compris des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité", affirme l'organisation. De nombreux témoignages donnent une dimension ethnique aux violences. Ainsi, les forces de Laurent Gbagbo et leurs miliciens vérifiaient les papiers d'identité avant de tuer les membres de la tribu Dioula, celle d'Alassane Ouattara, tandis que les partisans de ce dernier ont détruit des villages habités par des tribus perçues comme pro-Gbagbo et tué leurs habitants.
Mais aussi l’Onuci
L’organisation reproche aussi aux troupes de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) leur incapacité à protéger les civils. Au sujet du massacre de Duékoué fin mars et début avril par des forces pro-Ouattara, qui aurait fait plusieurs centaines de morts, Amnesty critique l'absence d'intervention des casques bleus de l'Onu.
"Ce massacre s'est déroulé à Duékoué alors qu'une base de l'Onuci se trouvait à un kilomètre du Quartier Carrefour, le principal lieu des tueries. Les premières personnes qui ont pu trouver refuge à la Mission catholique ont sollicité l'aide des soldats de maintien de la paix, en vain", écrit Amnesty. Alassane Ouattara a demandé à la Cour pénale internationale d'enquêter sur les crimes les plus graves qui auraient été commis durant la crise. Il souhaite aussi la tenue en Côte d'Ivoire d'un procès de Laurent Gbagbo, détenu dans le nord du pays, et de ses principaux collaborateurs.