Cyber bataille entre Amazon et l'Amazonie

© Reuters
  • Copié
Charles Carrasco , modifié à
Le géant de l'informatique souhaite utiliser le nom de sa marque comme nom de domaine.

L'INFO. Amazonie se dit amazon en anglais. Et cette proximité sémantique entre le géant de l'e-commerce et la plus grande forêt du monde pose problème. Alors que la société américaine souhaite changer le nom de domaine de son site marchand, passant de ".com" à ".amazon", plusieurs pays d'Amérique du sud s'inquiètent de cette démarche qui pourrait nuire au poumon économique de la planète, rapportent le Guardian etLe Monde.fr.

Un changement des noms de domaine. A l'origine de ce "cyber conflit" : la demande formulée par de nombreuses entreprises, dont Amazon, pour obtenir un nom de domaine générique. Actuellement, l'Icann, l'organisme qui gère les noms de domaine sur Internet au niveau mondial, est en train de mettre la dernière touche à son projet de nouvelles extensions afin de répondre à la pénurie d'adresses en ".com", précise le site Internet. Amazon a d'ores et déjà fait des demandes pour obtenir des extensions (".shop", ".song") mais aimerait également se doter du ".amazon".

>>> A lire : le .bzh et le .loreal en piste

Contestation en Amérique du sud. Mais cette appropriation du nom de domaine par Amazon est contestée par plusieurs pays sud-américains. Le Brésil et le Pérou ont déposé une requête auprès de l'Icann en ce sens car, selon eux, les actions de protection de l'environnement et la promotion des droits des peuples autochtones seraient mises à mal. "Réserver des droits exclusifs à une entreprise privée pourrait empêcher l’utilisation de ce domaine pour la protection et la promotion des écosystèmes de l’Amazonie. Cela limiterait aussi la possibilité de rassembler les pages Web liées aux populations habitant dans cette région", affirment dans cette requête les deux pays dont le territoire est occupé aux deux tiers par la forêt amazonienne.

>>> A lire : Brésil : les Indiens face au barrage géant

amazonie 930-310

© Reuters

"Autoriser des entreprises privées à utiliser des noms géographiques comme noms génériques pour renforcer la stratégie de leur marque ou profiter du sens de ces noms ne sert pas, selon nous, l'intérêt du public", renchérit Marco Antonio Raupp, le ministre brésilien des Sciences et de la Technologie. L'initiative du Brésil et du Pérou a reçu le soutien des autres membres de l'organisation du traité de coopération amazonienne (Bolivie, Colombie, Equateur, Guyane, Suriname, Venezuela).

>>> A lire : Venezuela : le massacre d'une tribu

L'Argentine et la Chine contestent aussi. Si Paris a déjà réservé, le ".paris" ou Londres le ".london", d'autres noms de domaines sont sujets à controverse. Plusieurs concernent des noms géographiques. C'est le cas en Argentine de la candidature d'une marque de vêtements, Patagonia, qui possède le même nom que la très touristique région du sud du pays. "La Patagonie est une région prépondérante pour l'économie du pays, grâce à son huile, sa pêche, ses mines et son agriculture. Elle possède également une communauté locale dynamique", plaide Buenos Aires.

La Chine est également opposé à l'utilisation par un groupe hôtelier du nom de domaine ".shangrila". Selon Pékin, le "shangri-la" est le nom d'une ville qui appartient à la province du Yunnan et qui est également très touristique. 

Face à ces réclamations multiples, le comité consultatif de l'Icann a recommandé le gel de certains noms de domaine. Les premiers doivent entrer en service à la fin de cette année.