Le nouveau visage de la femme de chambre du Sofitel se redessine peu à peu. Dimanche, le JDD a annoncé que Nafissatou Diallo était en fait mariée avec un dealer emprisonné, celui qu'elle avait appelé après l'agression présumée de DSK.
Par ailleurs, une semaine environ après l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn, à New York, le 14 mai dernier les procureurs chargés de l’affaire avaient déjà des soupçons sur les incohérences de la plaignante. C’est ce qu’a révélé samedi matin le New York Times, le quotidien à l’origine des révélations sur les raisons de la comparution surprise de DSK, vendredi. Europe1.fr fait le point sur les contradictions de la plaignante.
La femme du dealer.Le JDD a révélé dimanche que Nafissatou Diallo était en fait mariée au dealer emprisonné qu'elle a appelé après l'agression supposée. Un acte auquel la justice n'a pas eu accès tout de suite puisque le mariage religieux scellé l'année dernière n'a pas encore été transcrit dans les registres d'état. Mais ce Gambien rencontré dans le Bronx serait donc le second mari de la femme de chambre. Et ce serait lui qui aurait profité de la "naïveté" de la Guinéenne de 32 ans.
Au courant de cet union, la famille de Nafissatou Diallo ne savait cependant rien des activités du mari. "Elle nous a dit qu'il avait été emprisonné pour des problèmes d'immigration, de papier et de travail illégal. Jamais elle n'a parlé d'affaires de drogue", s'étonne un membre de sa famille. Son demi-frère, lui, dit avoir "honte". "Je suis perdu". Le New York Post, tabloïd réputé peu sérieux, évoque même un autre métier pour la Guinéenne : prostituée. Une prostitué réputée pour "recevoir des pourboires d'un montant extraordinaire. Et ses dépenses de beauté seraient assurées "par des hommes qui ne lui sont pas particulièrement liés", selon le NYP.
Des soupçons arrivés tôt. Au début, explique le New York Times, les relations entre la femme de chambre Nafissatou Diallo et les procureurs étaient bonnes, et son témoignage leur paraissait solide. Mais au fil du temps, ils ont découvert que Diallo avait menti sur certains épisodes importants de sa vie et présenté différentes versions laissant apparaître des incohérences.
Des soupçons sont apparus relativement vite sur les liens de la femme avec certains milieux, explique le journal. Ainsi, une semaine après l'arrestation de Strauss-Kahn le 14 mai, les autorités ont appris l'existence d'un enregistrement d'une conversation entre un homme visé par une enquête pour trafic de drogue et un autre individu qui disait connaître indirectement la femme impliquée dans l'affaire Strauss-Kahn.
Sa crédibilité s'effrite. Les enquêteurs du tribunal de Manhattan ont appris en outre que 28 heures après l'agression sexuelle présumée, la femme de chambre avait téléphoné à un homme emprisonné pour possession de drogue. La conversation a eu lieu en peul, et la traduction n'a été achevée que mercredi. C'est ce jour-là que les enquêteurs ont constaté qu'elle avait alors dit au détenu: "Ne t'inquiète pas, ce type a plein de fric. Je sais ce que je fais".
Peu à peu, la crédibilité de la plaignante s'est effritée. Diallo a menti sur les conditions de son immigration aux Etats-Unis et n'a pas révélé qu'elle avait des liens avec des personnes soupçonnées de délits.
Une déposition accablante pour elle. Les confrontations avec les procureurs, explique le quotidien, sont devenues progressivement tendues, voire acrimonieuses. Tout d'abord calme, Nafissatou Diallo a par la suite éclaté en sanglots et s'est effondrée par terre lors de ses dépositions. Parfois, elle n'a plus communiqué pendant des jours avec les enquêteurs.
Le New York Times raconte enfin que la dernière déposition devant les enquêteurs, jeudi dernier, a été accablante pour la jeune femme de 32 ans. Lorsque les enquêteurs lui ont présenté ses relevés prouvant des dépôts de milliers de dollars sur des comptes ouverts à son nom en Arizona, en Géorgie, à New York et en Pennsylvanie, la femme, qui avait dit à maintes reprises que son emploi à l'hôtel Sofitel était sa seule source de revenus, s'est recluse dans le silence et s'est tournée vers son avocat en quête de conseils.
"Il était sans voix", a dit de l'avocat un responsable cité par le quotidien.