Débat historique en Côte d’Ivoire

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Aurélie Frex avec AFP , modifié à
Gbagbo et Ouattara ont débattu à la télévision, avant le 2e tour de l’élection présidentielle.

Dimanche, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara s’affrontent à l’occasion du 2e tour de l’élection présidentielle ivoirienne. Un duel qui a donné lieu à un évènement historique dans ce pays aux 5,7 millions d’électeurs: le tout premier débat télévisé entre les deux candidats en lice, diffusé en direct sur RTI, la chaîne publique ivoirienne.

Durant cette confrontation, le président sortant et l’ancien Premier ministre ont volontairement laissé au second plan le climat d’hostilité qui règne dans le pays, malgré l’enjeu de ces élections, dont le but est de mettre fin à huit années de crise politique. Ils ont même échangé des plaisanteries, tout en discutant sans animosité de la réforme judiciaire.

Un brusque changement, après s’être invectivés assez violemment durant toute la campagne. Pendant deux heures trente de discussion ils sont même tombés d’accord sur ce dernier sujet.

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"Je suis heureux que mon frère Laurent Gbagbo et moi-même soyons d'accord sur la nécessité de réformer le système judiciaire", a notamment déclaré Alassane Ouattara, qui souhaite mieux payer les magistrats, dans le but de faire reculer la corruption.

La France salue l’initiative

Ce débat a donné satisfaction aux puissances étrangères et aux Nations unies, qui avaient fait pression ces derniers jours sur les deux candidats pour qu'ils mettent un bémol à leur rhétorique. La France a salué vendredi la "maturité démocratique" du débat télévisé, ainsi que l’"engagement à respecter le résultat des urnes" pris par les deux candidats.

"Ce sont les Ivoiriens qui doivent émettre une opinion sur ce débat, mais nous en saluons le déroulement, la qualité de l'échange, le respect dont ont fait preuve mutuellement l'un et l'autre des candidats", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.

Réponse dimanche

Après un premier tour dans le calme, l’organisation du second tour dimanche inquiète certains, qui redoutent qu'une issue très serrée n'engendre des troubles. Le 31 octobre, une participation historiquement élevée de 80% avait été enregistrée. Laurent Gbagbo, 65 ans, originaire du sud et président depuis dix ans, est arrivé en tête avec environ 38% des suffrages, alors qu’Alassane Ouattara en a obtenu 32%.

Ouattara, issu du nord du pays, à majorité musulmane, s'est engagé, en cas de victoire, à partager le pouvoir avec l'ancien président Henri Konan-Bédié, arrivé en troisième position avec 25% des voix.