Tout est parti d'une vision cauchemardesque. En pleine croisière sur leur yacht, Chris et Regina Catrambone aperçoivent un blouson qui flotte en pleine mer. C'est le vestige d'une de ces traversées clandestines qui tournent au drame. Après cet électrochoc, le couple américain, richissime, investit 8 millions d'euros pour acheter un ancien chalutier et réunir un équipage. Dès leur première sortie en mer en 2014, ils sauvent près de 300 migrants palestiniens.
Dans une dizaine de jours, ils reprendront la mer avec deux médecins et une infirmière de l'ONG Médecins sans frontière. Pour l'occasion, le Phoenix, ce navire de 40 mètres de long transformé en un poste de secours flottant, a eu un bon coup de pinceau. "Les couleurs sont maintenant plus faciles à repérer en pleine mer", écrit Christopher Catrambone sur son site internet. Michaël Neuman, conseiller aux opérations de MSF, explique que le Phoenix "est équipé de dispositifs de surveillance, notamment des drones qui circulent autour du bateau et repèrent les navires en détresse".
"Il est possible de les sauver". Si MSF se lance pour la première fois dans le sauvetage de migrants, c'est que les pouvoirs publics européens ont longtemps laissé de côté cette question. "La portée de cette opération est limitée et ne suffira pas à remplir la demande de sauvetage", relativise Michaël Neuman, pour qui il "est indispensable de montrer qu'il est possible de faire quelque chose. Les Européens font comme si le problème n'existait pas. Il faut leur rappeler qu'il est possible de sauver ces gens."
L'an dernier, lors de leur première mission, les Catrambone patrouillaient avec les navires de l'opération Mare Nostrum, qui avait permis de secourir près de 150.000 migrants. Cette fois, MSF et le couple de millionnaires seront seuls, avec un chalutier d'une capacité de seulement 400 places.
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