Le journaliste d'Europe 1 Didier François a confirmé lundi sur notre antenne que Mehdi Nemmouche, auteur présumé de la tuerie du musée juif de Bruxelles en mai, avait été l'un de ses geôliers lorsqu'il était otage en Syrie. "J'en ai l'intime conviction et l'absolue certitude", a-t-il affirmé au micro de Thomas Sotto, confirmant une information donnée samedi par Le Monde puis par Nicolas Hénin, l'un des trois autres journalistes retenus en otages.
"Quand vous avez eu un garde qui était là quasiment tous les jours pendant sept mois, il y a un certain nombre d'indices qui me permettent personnellement de penser que c'était bien lui", a expliqué Didier François.
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Pourquoi l'information est restée confidentielle. Le journaliste a justifié le fait de n'avoir pas donné cette information plus tôt par le fait que l'enquête soit en cours, et par le danger que représente l'Etat islamique. "Je pense qu'on est journaliste et on doit l'explication et l'information à nos auditeurs, à nos lecteurs, à nos téléspectateurs", a d'abord expliqué Didier François. "Mais il y a un temps pour tout. Et dans ce cas particulier, il y a aussi un temps de la recherche, de l'enquête et de la justice. Je pense qu'il n'était pas totalement utile de donner, sans avoir maîtrisé le temps, des informations à une organisation qui, par ailleurs, est particulièrement dangereuse".
D'autant que l'Etat islamique "a encore entre ses mains un certain nombre d'otages", a rappelé Didier François. "Lui donner des indications sur une enquête en cours, alors que le juge n'a pas encore été nommé, je trouvais que c'était un petit peu léger".
"Il était dans une violence débordante". Didier François a décrit le comportement de Mehdi Nemmouche en Syrie. "La réalité de Nemmouche, c'est qu'il était extrêmement violent dans ses attitudes, dans ses paroles, il était extrêmement provocateur. C'est quelqu'un qui bouillait en permanence et qui était dans une violence débordante", a-t-il raconté.
Le journaliste a confirmé que Mehdi Nemmouche torturait des prisonniers syriens. "Il était extrêmement violent avec les prisonniers syriens. Il était malgré tout obligé de se comporter de manière plus maîtrisée avec les otages occidentaux", a-t-il expliqué, car "il avait des ordres".
"Il chantait du Aznavour". "Quand il ne chantait pas, il torturait", avait affirmé l'ex-otage Nicolas Hénin sur le site du Point. Un aspect de la personnalité de Nemmouche confirmé par Didier François. "Il y avait des moments où il chantait, oui", a-t-il dit. "Il chantait du Aznavour souvent, étonnamment".
Merah était son modèle". Lorsqu'il a appris la tuerie de Bruxelles, Didier François a rapidement fait un rapprochement avec Mehdi Nemmouche, tant cette violence correspondait à sa personnalité. "Avant même de voir ses photos, d'écouter sa voix, d'avoir des éléments concrets pour l'identifier, l'acte lui-même m'avait déjà mis la puce à l'oreille. Parce que malheureusement, pendant notre détention, dans ses propos permanents, il y avait une espèce d'obsession antisémite, une obsession à vouloir imiter ou dépasser Merah, qui était en fait son modèle", a-t-il détaillé. "L'assassinat, le meurtre était pour lui quelque chose qui lui paraissait quasiment normal".
Selon Libération, qui cite les auditions des quatre ex-otages, Mehdi Nemmouche voulait "commettre un attentat à Paris pendant le défilé du 14 Juillet". Une information que Didier François n'a pas voulu confirmer ni infirmer. "Je préfère ne pas entrer dans ce degré de détail sur l'enquête en cours", a-t-il expliqué.
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