L'info. Alors que Manuel Valls parle de 700 Français partis combattre en Syrie, la Belgique connaît également ce exode d'un genre nouveau, notamment chez les plus jeunes. certains sont enrôlés par des groupes de djihadistes et envoyés sur le front où la mort les attend.
Depuis huit mois, elle essaie de garder le contact. Yasmine a vu ses deux fils, de 17 et 23 ans, entrer clandestinement en Syrie, via la Turquie, pour aller faire le djihad. Cette maman belge raconte, sur Europe 1 au micro de Thomas Sotto, le cauchemar qu’elle vit.
"Je suis parti, on rentre en Syrie très prochainement". "L'aîné a eu une période de crise pendant laquelle on a eu quelques difficultés à comprendre ce qui se passait en lui et autour de lui, ça a duré quatre à cinq semaines", raconte Yasmine, au micro d’Europe 1. Cette mère confie ensuite l’absence de soutien de la part des autorités. "On a donné l'alerte aux autorités. On a demandé leur aide. Ils nous ont expliqué qu'il était majeur, qu'il n'y avait pas grand-chose à faire à leur niveau". Et puis un jour, Yasmine reçoit un coup de fil de son fils."Je suis parti, on rentre en Syrie très prochainement avec un groupe d'amis."
Un recrutement dans les salles de musculation. Yasmine reconnaît que depuis quelques temps son fils fréquentait avec un zèle particulier la mosquée. Mais le recrutement de candidats pour le djihad semble se faire partout. "Des parents nous ont raconté que leurs enfants auraient été abordés au niveau de salles de musculation, de salles de jeux vidéo", prévient Yasmine.
Cette maman a tout de même réussi à fixer un rendez-vous au plus jeune près de la frontière turque. Un rendez-vous pour tenter de le ramener dans son pays. Mais une fois arrivée à l’aéroport les autorités l’ont remise dans un avion direction la Belgique.
Des appels en absence,peu de nouvelles, peu de détails. Depuis leur départ, Yasmine reçoit des nouvelles de manière irrégulière de ses enfants. "Ils me disent qu'ils sont en bonne santé, qu'ils ne manquent pas de grand-chose, que je ne dois pas m'inquiéter. En dehors de ça, difficile d'avoir d'autres détails quant à leur rôle réel sur le terrain. Ils laissent des appels en absence : je les rappelle tout de suite après, depuis un téléphone ou par Skype, mais c'est très rare."
"Quand je les interroge, ils me disent qu'ils sont là pour aider, aider le peuple syrien, abandonné par le reste du monde, des orphelins trainent dans les rues, des femmes sans foyer, des familles sans nourriture et sans eau potable ", raconte la mère de famille, qui ne sait toujours pas si ses enfants ont choisi de faire le djihad. "Je n'en ai aucune idée, et aucun élément ne me permet d'infirmer ou confirmer", souligne-t-elle, précisant que "clairement, là où ils sont, coupés de leurs liens les plus essentiels, les amis, la famille, et entourés de gens qu'on ne connait ni d'Adam ni d'Eve. Alors tout est possible".
Depuis des mois Yasmine vit dans la peur, celle de ne plus jamais revoir ses fils. "Mais je garde espoir malgré tout. Je chasse cette idée très rapidement. L'espoir me donne l'énergie de continuer le combat que je mène ici pour les retrouver d'une manière ou d'une autre et le plus rapidement possible", conclut-elle.
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