Le personnel naviguant n'hésite pas à prendre son stylo, chez Air France. En trois jours, une pétition a recueilli un peu moins de 1.000 signatures. Son but : pousser la direction de la compagnie aérienne à suspendre les vols desservants les pays touchés par Ebola.
Le personnel de bord inquiet. Depuis début juillet, les stewards et hôtesses de la compagnie aérienne française ont le droit de refuser d’embarquer à bord d’un avion à destination de Conakry, en Guinée, ou de Freetown, au Sierra Leone. C’est le cas de Florence, une hôtesse de l’air à qui Air France a demandé de partir en Guinée. "Je crains pas spécialement pour moi", explique l’hôtesse, qu’Air France a contactée après dix refus. "Si on a peur de tout, on ne fait plus ce métier. Mais il ne faut pas être le vecteur de transport de cette maladie."
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Car, selon elle, les mesures de sécurité ne sont pas suffisantes pour détecter les passagers malades. "Cette maladie doit être canalisée et éradiquée. On peut transporter des gens qui n’ont pas encore déclaré la maladie. La période d’incubation est assez longue. Et on découvre trois semaines après qu’ils ont la maladie." Pour Europe 1, Vincent Feuillie, médecin pour Air France dit comprendre "parfaitement l'inquiétude du personnel naviguant. C'est une maladie très médiatisée, avec des images très fortes. On voit des personnels soignants équipés au contact des malades, ..."
Des mesures précises. Pourtant, Air France a mis en place un dispositif si le personnel de bord suspecte un cas à bord. Selon la compagnie aérienne, la conduite à tenir inclut l'isolement, le port du masque et des toilettes réservées pour le passager suspect, le port de gants et l'utilisation de gel hydro-alcoolique pour le personnel navigant ainsi que le relevé des identités des passagers en contact avec le cas suspect. Tous les passagers d'Air France au départ de Conakry et de Freetown doivent de surcroît remplir un questionnaire avant d'être soumis à un test de température dans l'enceinte de l'aéroport, sous peine de ne pas obtenir leur carte d'embarquement.
"La chose la plus importante pour nous", se défend le Dr Feuillie, "c'est la sécurité de nos passagers et de tous nos personnels. Nous avons à coeur de les avoir en bonne santé", continue-t-il pour Europe 1. "Nous cherchons à leur expliquer, par le biais de communications internes, de documents, de contacts directs avec les équipes médicales, que le risque existe de manière infinitésimale."
Mais ces mesures ainsi que la suspension des vols en direction du Liberia ne suffisent pas à rassurer. "C’est notre devoir de ne pas y aller. C’est pour ça que j’ai signé cette pétition", met au clair Florence, qui ne comprend pas pourquoi son employeur ne suit pas British Airways, Emirates ou encore Arikair qui ont suspendu leurs vols en direction des zones touchées.
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Psychose. Reste que l’entreprise française suit les recommandations de l’OMS. En effet, l’Organisation mondiale de la Santé a appelé le 14 août les compagnies aériennes à ne pas suspendre leurs vols, justement, comme le relayait le Centre pour la recherche et la gestion des maladies infectieuses de l’université du Minnesota. Isabelle Nuttal, directrice du département pour l’alerte et l’action au niveau mondial de l’Organisation mondiale de la Santé, a rappelé qu’à l’inverse de la grippe ou de la tuberculose, l’Ebola ne se transmet pas par l’air. Le virus "peut seulement se transmettre par contact direct avec les fluides corporelles de la personne" infectée. Un cas peu probable à bord d’un avion, selon l’OMS, qui veut enrayer la psychose.