L’INFO. Les Frères musulmans renouent avec la discrétion. Après la dispersion dans le sang de manifestants islamistes par l’armée, les cadres de la confrérie, habitués à la clandestinité après des années de répression sous le régime d’Hosni Moubarak, se cachent à nouveau pour échapper à la police.
>> Au Caire, l’envoyé spécial d’Europe 1 a noté que les Frères musulmans se faisaient désormais très discrets.
Les Frères musulmans étaient pourtant bien présents aux abords de la mosquée d'Ain Shams, où des militants passaient deux à trois fois par semaine dans le quartier pour distribuer des tracts et aborder des passants. "Ils venaient nous dire : ‘ne croyez pas les images de violence qu'on vous montre à la télé... Tout est truqué’", raconte Iman au micro d’Europe 1.
Tous les vendredis, ils venaient aussi "faire leurs manifs". "Mais depuis le 14 août, depuis que l'armée les a chassés, ils ont disparu", poursuit Iman, expliquant que "ceux qui nous abordaient comme ça se font maintenant discrets : plus personne ne se dit partisan des Frères musulmans".
"Tout le monde s’est rasé la barbe". Même constat près de leur fief de Nasr City, à une dizaine de kilomètres de là, où ils ont campé pendant près de deux mois : on note de curieux changements. "Ici, dans le quartier, après le 14 août, tout le monde s’est rasé la barbe", note Abdallah, employé d’un immeuble de bureau. "Les discours aussi ont changé : ceux qui soutenaient Morsi, maintenant, ils se contentent de dire qu'ils veulent la démocratie", indiquet-il, assurant : "c’est évident qu’ils ont peur, peur de se faire arrêter par la police".
La peur vire même à la paranoïa chez les responsables du parti, qui ont changé de numéro ou raccrochent au nez des journalistes. Quand ils ne sont pas en fuite, comme Mohamed Beltagui, leader politique des Frères, qui affirmait à Europe 1 il y a un mois encore qu’il n’abandonnerait jamais son combat contre le général Al-Sissi.