Il détonne dans le paysage politique. Elio di Rupo, le nouveau Premier ministre belge, désigné à l'issue de plus de 500 jours de crise politique, a un profil étonnant à bien des égards. Âgé de 60 ans, il est devenu lundi le premier chef de gouvernement francophone en Belgique depuis trois décennies. Europe1.fr revient sur son parcours hors du commun via trois surnoms qui lui collent à la peau.
"L'homme au nœud papillon". Sur les photos, on ne voit que lui : le nœud papillon d'Elio di Rupo est devenu sa signature. Il ne s'en sépare quasiment jamais, et n'hésite pas à l'évoquer avec humour. "C'est peut-être le reflet de ma personnalité, être sérieux, sans se prendre au sérieux", confie-t-il. Avec ses cheveux noirs coupés mi-longs, il arbore un look un brin désuet qui le distingue des autres politiques à l'allure stricte.
"Le Petit Chose". La vie d'Elio di Rupo est un véritable "American dream à la belge", selon les mots du ministre flamand Vincent Van Quickenborne. Elio di Rupo est né en 1951 de parents pauvres, immigrés italiens installés en Wallonie. Il a six frère et sœurs et perd son père à l'âge d'un an. Sa mère, analphabète, restée veuve, est contrainte de placer trois de ses enfants à l'assistance publique. Et ses biographes aiment à raconter qu'il n'avait qu'un seul pantalon, maintes fois rapiécé, pour aller à l'école.
Il aurait en outre vu la mer pour la première fois à l'âge de 16 ans, lors d'une colonie de vacances. Cette enfance digne d'un roman de Dickens lui vaut le surnom de "Petit Chose", d'après le héros d'Alphone Daudet. Mais le "Petit Chose" est brillant à l'école. Boursier, il poursuit des études longues et finit par décrocher un doctorat en chimie. Une formation scientifique qui "le pousse à regarder la réalité en face", selon Courrier International.
"Le régent du royaume". Entré en politique à 17 ans, dans les années 80, il est resté fidèle au Parti socialiste, dont il a pris la tête en 1999. Son surnom de "régent du royaume" lui vient du fait que, depuis 1988, il a fait partie de toutes les coalitions fédérales. Député, sénateur, député européen, vice-Premier ministre fédéral, chef du gouvernement régional wallon, maire de la ville de Mons… il a occupé de nombreuses responsabilités et il ne manquait plus à son parcours que le titre de Premier ministre.
Ce fin tacticien a cependant dû faire face à des affaires embarrassantes. En 1996, pendant l'affaire Dutroux, un jeune homme l'accuse d'avoir abusé sexuellement de lui lorsqu'il était mineur. Elio di Rupo est totalement blanchi par la justice, mais il a été contraint d'évoquer en public son homosexualité.
Autre coup dur, l'éclatement en 2005 de plusieurs affaires de corruption à Charleroi, dirigée par le PS depuis 30 ans. En réaction, il s'efforce de rénover le parti, remontant un peu dans l'estime des Flamands. Aujourd'hui, il souffre d'un lourd handicap dans un pays où cohabitent trois langues : son néerlandais, parlé par 60% des Belges, est plutôt approximatif. Mais il l'a promis : Elio di Rupi va prendre des cours intensifs pour apprendre à parler la langue de la majorité des habitants de son pays.