Ils avaient 16, 17 et 19 ans. Ils étaient étudiants ou vendeurs ambulants et tous ont été abattus en l’espace de trois jours par des sicarios, des tueurs à moto, à Puerto Asis, dans le sud de la Colombie. Le point commun de ces trois jeunes : leur nom se trouvait sur une liste de personnes à abattre diffusée sur Facebook quelques semaines auparavant, raconte le journal El Tiempo.
Une menace très claire
Sur la première liste diffusée, 69 noms. Postée au début du mois d’août, elle a désormais disparu du réseau social. Mais elle continue de faire trembler les habitants de Puerto Asis. Car la menace adressée est très claire : "On vous demande de quitter la ville dans les trois jours ou dans le cas contraire nous serons dans l’obligation d’en venir à des solutions comme celles employées le dernier août dernier", c’est-à-dire une exécution.
Les autorités colombiennes ont d’abord cru à une mauvaise blague entre étudiants. Avant de prendre l’affaire au sérieux. Un groupe spécial de l’Unité des délits informatiques de la police a été chargé du dossier. Les utilisateurs de Facebook sont désormais appelés à signaler tout fait suspect. Et des messages pour appeler les parents à se mettre "en alerte maximale" ont été diffusés sur Twitter.
"Le fait qu’il y ait des menaces contre les jeunes, c’est assez courant dans un certain nombre de villes" colombiennes, note Frédéric Massé, chercheur à l’université Externado de Bogota joint par Europe 1. Mais l’utilisation de Facebook pour faire passer des messages est, elle, nouvelle.
Les Farc ou un groupe mafieux
Qui pourrait être derrière ces menaces ? La guérilla des Farc, toujours active dans cette zone frontalière et très isolée, ou un groupe armé baptisé Los Rastrojos, une mafia qui tente de prendre le contrôle sur le trafic de cocaïne dans la région.
Pour Frédéric Massé, deux hypothèses sont possibles pour expliquer ces menaces. Il s’agit soit de s’en prendre à des jeunes "qui n’ont pas accepté d’être recrutés pour faire partie de micro-trafics", soit de "créer une panique parmi la population pour signaler qu’[un nouveau] groupe armé est arrivé dans la ville". Une récompense d’un peu plus de 2.000 euros a été promise à quiconque pourrait aider la police à avancer dans son enquête.