Le raid israélien contre une flottille internationale qui avait tenté de forcer le blocus de Gaza avait suscité en 2010 l'indignation de la communauté internationale et jeté un froid entre la Turquie et l'Etat hébreu. Neuf militants turcs pro-palestiniens avaient alors été tués. Et plus d'un an après les faits, dans un rapport révélé jeudi par le New York Times, l'ONU juge l'opération de la marine israélienne "excessive" et "déraisonnable", mais reconnaît la légalité du blocus naval. Un rapport qui a immédiatement ravivé les tensions entre Israël et la Turquie.
La Turquie met sa menace à exécution
Le mouvement palestinien Hamas avait donné le ton jeudi en jugeant jeudi "injuste" et déséquilibré" le rapport de l'ONU, estimant qu'il "permettrait à l'occupant (israélien) de se soustraire à ses responsabilités".
Mais la réplique la plus cinglante est venue de la Turquie, qui a décidé vendredi d'expulser de l'ambassadeur d'Israël à Ankara et de suspendre tous ses accords militaires avec l'Etat hébreu, a annoncé vendredi le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. La Turquie avait prévenu début septembre qu'elle mettrait en œuvre son "plan B" de sanctions contre Israël si ce dernier s'obstinait à ne pas s'excuser. Le rapport des Nations unies est "nul et non avenu", a par ailleurs affirmé vendredi le président turc Abdullah Gül.
La force du rapport était déjà considérablement amoindrie par le fait que les membres turc et israélien de la commission, composée de quatre hommes, s'étaient dissociés des conclusions du rapport. La publication du rapport de la commission d'enquête, présidée par l'ancien Premier ministre néo-zélandais, Jeffrey Palmer, avait dû été reportée à plusieurs reprises pour permettre un rapprochement entre les deux pays.
Israël refuse de s'excuser
Israël a de son côté déclaré accepter le rapport de l'ONU avec des "réserves ponctuelles", a dit vendredi un haut responsable, sous couvert de l'anonymat. Einat Wilf, députée à la Knesset et membre de la commission des affaires étrangères et de la défense, s'est pour sa part félicitée des conclusions du rapport qui "exonère clairement Israël sur les questions principales concernant la légalité du blocus et la légalité de l'intervention (israélienne)".
Le rapport de l'ONU estime en effet que la flottille, composée de six bateaux, "a agi de façon imprudente en essayant de forcer le blocus naval" mis en place autour de Gaza, un territoire palestinien contrôlé par le mouvement islamiste Hamas.
L'enquête invite toutefois Israël à exprimer "une déclaration appropriée de regret" pour ce raid et de verser des dédommagements aux familles des morts et des blessés. Mais s'il s'est dit prêt à exprimer ses regrets et à verser des fonds "à titre humanitaire" aux parents des victimes, l'Etat hébreu a refusé de présenter ses excuses pour ne pas exposer ses soldats à des poursuites judiciaires.