Quel sort sera réservé à Laurent Gbagbo ? Le président sortant de Côte d’Ivoire a été arrêté lundi après-midi. Quelques heures plus tard, son successeur, Alassane Ouattara, le président internationalement reconnu de Côte d'Ivoire, a annoncé le lancement d'une "procédure judiciaire contre Laurent Gbagbo, son épouse" et ses collaborateurs.
Pour les forces pro-Ouattara, le président sortant doit maintenant être jugé. "Laurent Gbagbo est en vie et en bonne santé et il sera présenté devant la justice pour les crimes qu'il a commis", a ainsi indiqué l'ambassadeur de Côte d'Ivoire auprès de l'ONU, Youssoufou Bamba. "Gbagbo est maintenant détenu dans un lieu sûr en attendant les prochaines étapes pour le présenter devant la justice", a ajouté l'ambassadeur.
Un futur procès Gbagbo ?
"Le cauchemar est terminé", avait commenté un peu plus tôt Guillaume Soro, le Premier ministre du nouveau chef d'Etat Alassane Ouattara. S'adressant "solennellement" aux militaires restés loyaux à l'ex-président, il les a appelés au "ralliement". "Il ne peut y avoir de chasse aux sorcières, rejoignez donc les Forces républicaines (pro-Ouattara)", a exhorté l'ancien chef rebelle.
Reste que si l’ex-président est envoyé devant la justice, "il faudra aussi ouvrir les dossiers de son adversaire", avait prévenu, au début du mois sur 20Minutes.fr, Christian Bouquet, professeur de géographie politique à Bordeaux-III. Son procès pourrait donc être repoussé sine die.
"Ne me tuez pas", a demandé Laurent Gbagbo, qui veut être jugé en Côte d'Ivoire, à l'arrivée de deux commandants des forces pro-Ouattara venus l'arrêter. Quoi qu’il en soit, Laurent Gbagbo doit absolument "être traité avec respect", a exhorté la Grande-Bretagne. Laurent Gbagbo a "agi contre tous les principes démocratiques", a estimé le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, avant d’ajouter : "Pour autant, il doit être traité avec respect et tout processus judiciaire qui s'ensuivra doit être équitable et organisé selon les règles".
Pour Antoine Glaser, spécialiste de l'Afrique invité d'Europe 1 mardi, Laurent Gbagbo "devrait être jugé en Côte d’Ivoire. Il n'y a aucune raison qu’il soit jugé par une Cour pénale internationale, qui se substitue la plupart du temps aux Etats".
Les Gbagbo en résidence surveillée
La France ne s’est pas exprimée sur le sort de Laurent Gbagbo. Toutefois, le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant a estimé, en marge d'une réunion à Luxembourg, "qu’après les malheurs qui ont frappé ce pays, la Côte d’Ivoire va enfin connaître la paix et un regain d'essor économique. Le pays le mérite".
La sécurité des époux Gbagbo est, pour l’heure, assurée par des "gendarmes de l’ONU", a affirmé le chef des opérations de maintien de la paix aux Nations unies, Alain Le Roy avant de préciser qu’ils étaient retenus dans un "appartement de l'Hôtel du Golf". Ils seront ensuite transférés dans une résidence surveillée.