Gbagbo durcit la crise ivoirienne

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avec AFP , modifié à
Ses partisans ont été appelés à prendre d'assaut le QG d'Alassane Ouattara. L'ONU s'inquiète.

Laurent Gbagbo souffle le chaud et le froid pour garder une longueur d’avance dans la crise ivoirienne. Après avoir fait preuve de bonne volonté en reportant un grand rassemblement de ses partisans prévu Abidjan, il appelé mercredi soir ces derniers à prendre d'assaut le quartier général de son rival Alassane Ouattara à Abidjan, protégé par les Casques bleus de la mission onusienne en Côte d'Ivoire.

"Au-delà du 1er janvier, moi Charles Blé Goudé et les jeunes de Côte d'Ivoire, allons libérer le Golf Hôtel les mains nues", a déclaré le chef des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, devant quelques milliers de partisans.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est montré inquiet jeudi, en mettant en garde les partisans de Laurent Gbagbo contre une attaque de l'hôtel qui sert de quartier général à Alassane Ouattara. "Une attaque contre le Golf Hôtel risque de provoquer des violences à grande échelle qui pourraient rallumer la guerre civile", a-t-il fait savoir dans un communiqué.

Les “appels à la haine“ de la télévision d’Etat

Reconnu président sur le plan international, Alassane Ouattara est retranché avec son gouvernement dans cet hôtel de luxe soumis à un blocus des forces pro-Gbagbo. Le "Golf" est protégé par des éléments de l'ex-rébellion alliée à Ouattara et par les 800 Casques bleus de la mission onusienne, l'Onuci.

Au lendemain d'une attaque contre un convoi de l'Onuci, au cours de laquelle un Casque bleu a été blessé, l'ONU a accusé la télévision d'Etat RTI, contrôlée par le régime Gbagbo. Selon Alain Le Roy, chef des opérations de maintien de la paix aux Nations unies, la chaîne relaie des "appels à la haine" contre cette force de quelque 9.000 hommes, dont le président sortant a exigé le départ.

Rester imprévisible pour garder la main

Celui qu’on surnomme “le boulanger“ pour sa capacité à rouler les gens dans la farine a donc durci le ton mercredi soir, une fois la délégation de l’Union africaine partie. Trois présidents du continent se sont en effet rendus mercredi en Côte d’Ivoire pour tenter de jouer les intermédiaires et favoriser une sortie de crise par la diplomatie.

"Nous discutons toujours", a déclaré le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan, président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Mandaté par l'organisation régionale, les présidents béninois, sierra-léonais et capverdien sont venus mardi à Abidjan pour adresser un ultimatum à Laurent Gbagbo : céder le pouvoir ou prendre le risque d'une intervention armée ouest-africaine.

Les émissaires "y retournent le 3 janvier", a annoncé Jonathan devant la presse, après un entretien avec Koroma et Pires dans la capitale fédérale nigériane Abuja.