"Je suis le président de la République de Côte d'Ivoire", a martelé mardi soir Laurent Gbagbo à la télévision ivoirienne. Pendant ce discours, le premier depuis les élections présidentielles au résultat controversé, le président sortant a tout de même proposé une sortie de crise via un "comité d'évaluation" international pour sortir de la crise qui a fait ces derniers jours 50 morts selon l'ONU. "Je tends la main du dialogue. Je tends la main à l'opposition, à M. Ouattara et à la rébellion armée (Forces nouvelles, FN) qui le soutient", a-t-il lancé.
Sous très forte pression de la communauté internationale qui réclame son départ, il a exhorté le camp de son rival Alassane Ouattara, reconnu chef de l'Etat à l'extérieur, à quitter l'hôtel où il est retranché depuis le début de la crise. "Je lance un appel à toutes les personnalités qui se trouvent encore à l'hôtel du Golf de regagner leurs domiciles", a-t-il également déclaré. "Elles sont libres de leurs mouvements".
"Un comité d'évaluation sur la crise post-électorale"
Tout en ayant réaffirmé sa victoire le 28 novembre, Laurent Gbagbo s'est dit "prêt à accueillir un comité d'évaluation sur la crise post-électorale" qui "aura pour mission d'analyser objectivement les faits et le processus électoral, pour un règlement pacifique de la crise", a-t-il poursuivi. Ce comité sera, selon lui, "dirigé par un représentant de l'Union africaine" et comprendra notamment des représentants de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest), de l'ONU, des Etats-Unis, de l'Union européenne, de la Russie, de la Ligue arabe et de la Chine ainsi que "des Ivoiriens de bonne volonté".
Selon l'ONU, au moins 50 personnes ont été tuées dans des violences en fin de semaine dernière, alors que le camp Gbagbo parle de 25 morts et le camp Ouattara de 48 morts. "Je ne veux pas que le sang d'un seul Ivoirien soit versé. Je ne veux pas d'une guerre en Côte d'Ivoire qui peut s'étendre aux pays voisins ou les affaiblir", a lancé Laurent Gbagbo. Dans la foulée de l'intervention télévisée de Laurent Gbagbo, le porte-parole de l'armée fidèle au président sortant a annoncé la levée dès mardi soir du couvre-feu nocturne instauré à la veille du scrutin du 28 novembre dernier.
"Gbagbo doit partir"
Pour le camp Ouattara, Laurent Gbagbo "continue de ruser avec le monde" en proposant d'ouvrir un dialogue et il doit "partir". "Il dit avec force qu'il est encore le président de la République de Côte d'Ivoire, ce qui est inacceptable", a déclaré une porte-parole d'Alassane Ouattara. "Il s'agit pour Laurent Gbagbo de reconnaître le verdict des urnes et de partir, tout simplement".