Alors que de nombreux chefs d'Etat se rendent à Erevan, la capitale de l'Arménie, pour commémorer le génocide arménien, la Turquie organise sa contre-commémoration vendredi. Hakkι Akil, ambassadeur de Turquie en France, a expliqué sur Europe 1 la position d'Ankara sur "les événements de 1915", comme il le dit. Si elle reconnaît le massacre d'1,2 million de personnes entre 1915 et 1916, la Turquie "n'a pas la même définition des événements". "Je sais que, même si cela ne vous plaît pas, le terme de génocide est un terme plus juridique que politique ou historique", a affirmé Hakkι Akil. "On commet une erreur en jouant sur les mots", a-t-il tonné. "Il faut voir les faits et partager la douleur des gens, des Arméniens", à qui il a présenté les condoléances de l'Etat turc.
"Nous ne nous entendons pas sur deux choses", a continué Hakkι Akil : "Premièrement, la définition des événements et deuxièmement, il n'y a pas eu que les Arméniens qui ont souffert. Dans l'empire ottoman pendant cette période, beaucoup d'autres communautés ont souffert".
L'ambassadeur est revenu sur la position passée d'Ankara et concède qu'il y a eu "une grande évolution". "Nous pensions pouvoir résoudre le problème en évitant d'en parler", reconnaît-il, précisant qu'"en n'étudiant pas ces événements, nous ne voulions pas raviver une tension avec les Arméniens qui vivent en Turquie".
Des archives ouvertes. Selon le diplomate, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan,"a dit que la Turquie fera le nécessaire pour trouver les raisons et les coupables des événements de 1915". Il demande à ce qu'une équipe d'historiens puissent faire un travail sur les archives turques. "Nous avons ouvert le archives, nous faisons les études et nous avons proposé à la communauté internationale de former une commission d'historiens internationaux, française, russes, arméniens, turcs, pour éclaircir les événements de 1915". De nombreux historiens de toute nationalité, y compris turcs, travaillent déjà sur les archives et étoffent une bibliographie déjà importante sur le sujet. "Avec leurs travaux, ils doivent aller devant un tribunal, comme cela a été le cas avec l'Holocauste", continue Hakkι Akil, qui affirme que la Turquie est "prête à en accepter les conclusions".
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