C’est un texte dont Ankara ne veut pas entendre parler. L’Assemblée doit examiner jeudi une proposition de loi condamnant à un an de prison et 45.000 euros d’amende, la négation du génocide arménien de 1915. Une proposition qui divise en France et provoque la colère des autorités turques.
Une "erreur historique, inacceptable"
Ces derniers jours, les dirigeants turcs sont montés un à un au créneau pour fustiger le texte. Mardi soir, le parti gouvernemental de la justice et du développement, l'AKP, issu de la mouvance islamiste, et les deux principaux partis d'opposition ont adopté une déclaration conjointe dénonçant une "erreur historique, inacceptable et grave" de la part des législateurs français.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan n’a pas hésité de son côté à attaquer la France sur son passé colonial. "Ceux qui veulent étudier un génocide feraient mieux de se retourner sur leur passé et de se pencher sur leur propre histoire, sale et sanglante", avait-il déclaré, samedi. "Si l'Assemblée nationale française veut s'intéresser à l'Histoire, qu'elle prenne la peine de s'enquérir sur les événements en Afrique, au Rwanda et en Algérie". Le président Abdullah Gül a quant à lui exhorté Paris à renoncer à une loi "inacceptable".
Des mesures de rétorsion économiques
Turquie a même menacé la France de représailles diplomatiques et économiques si la loi était adoptée. En matière économique, les nombreuses entreprises françaises opérant en Turquie pourraient être écartées des contrats publics, sachant que la Turquie est le cinquième marché mondial pour les exportations françaises.
La France reconnaît le génocide arménien depuis la loi du 29 janvier 2001. Si la Turquie admet que jusqu'à 500.000 personnes sont mortes entre 1915 et 1917, Ankara considère qu'elles ont été victimes des aléas de la Première Guerre mondiale et non celles d'un génocide.