L'INFO. L'administration américaine est une nouvelle fois mise en difficulté. Après avoir découvert que les Etats-Unis collecterait des données auprès d'un grand opérateur téléphonique, le Washington Post a révélé que la National Security Agency (NSA), une grande agence de renseignement, et le FBI (police fédérale) "se servent directement dans les serveurs centraux de neuf sociétés Internet américaines de premier plan" par le biais d'un programme secret baptisé PRISM.
Selon le quotidien américain, ce programme PRISM a été mis en place sous la présidence de George W. Bush en 2007 et s'est étendu de manière exponentielle sous la présidence de son successeur Barack Obama.
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Qui est concerné ? Apple, Google, Facebook, Microsoft, Yahoo, Paltak, AOL, YouTube et Skype auraient ainsi rejoint ce programme antiterroriste clandestin, selon le Washington Post. Les renseignements américain en auraient extraient des milliers de sons, d'images, de photographies, de courriels, de documents et de clés de connexion. Dans des communiqués diffusés jeudi soir, Google, Apple, Yahoo et Facebook ont tous démenti que le gouvernement disposerait d'un "accès direct" à leurs serveurs centraux.
Inquiétude des associations et des politiques. Ces révélations ont concrétisé les pires craintes des défenseurs des libertés individuelles, qui tentent depuis des années de faire la lumière sur l'utilisation par le gouvernement du "Patriot Act", la loi votée après le 11-Septembre. "Cela va au-delà d'Orwell", a dénoncé Jameel Jaffer, de l'ONG American Civil Liberties Union (ACLU), en référence au livre futuriste de George Orwell, 1984. Une poignée d'élus, démocrates comme républicains, a dénoncé une atteinte à la vie privée "indéfendable et inacceptable", selon les mots du sénateur Bernie Sanders."La saisie et la surveillance par la NSA de quasiment tous les clients de Verizon est une attaque stupéfiante contre la Constitution", a dénoncé pour sa part le républicain Rand Paul.
Des fuites chez Verizon. Un peu plus tôt, le quotidien britannique The Guardian a publié une ordonnance de justice secrète forçant l'opérateur américain Verizon à livrer à l'Agence nationale de sécurité (NSA), à la demande du FBI, la totalité des données téléphoniques de ses abonnés, d'avril à juillet, en vertu d'une loi votée dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.
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Que répond l'administration américaine ? Le directeur du renseignement américain James Clapper a estimé que ces fuites menaçaient la sécurité nationale. Ces divulgations constituent "une menace potentielle à notre capacité à identifier et à répondre aux risques auxquels est confronté notre pays", a-t-il écrit dans un communiqué publié jeudi. De son côté, la Maison-Blanche a démenti espionner les citoyens américains ou les personnes vivant aux Etats-Unis, selon un responsable de l'administration Obama ayant requis l'anonymat.
Des parlementaires ont ensuite confirmé que le programme existait sous cette forme systématique depuis 2007, mais ne concernait que les "métadonnées" telles que le numéro appelé et la durée d'appel, et non le contenu des conversations. Sans confirmer formellement l'existence de ce programme, la Maison-Blanche a assuré qu'il était indispensable à la lutte antiterroriste.
"La priorité numéro un du président est la sécurité nationale des Etats-Unis. Nous devons avoir les outils nécessaires pour faire face aux menaces posées par les terroristes", a déclaré un porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest. Le système a permis d'éviter "un attentat terroriste important" aux Etats-Unis "ces dernières années", a même assuré le président républicain de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, Mike Rogers. Les informations sont accumulées dans les serveurs de la NSA, ont expliqué d'autres élus, mais ne sont analysées que lorsqu'il existe des soupçons précis. "Si un numéro correspond à un numéro terroriste appelé depuis un numéro américain (...) alors il peut être signalé, et ils peuvent demander une ordonnance de justice pour aller plus loin dans ce cas précis", a précisé Saxby Chambliss, vice-président républicain de la commission du Renseignement du Sénat, lors d'une conférence de presse.