L’Honduras détient un triste record. Le taux d’homicides, dans ce petit pays d’Amérique centrale, est le plus élevé au monde : 85.5 morts pour 100.000 habitants. Les raisons d’une telle hécatombe ? Les "maras", des gangs ultraviolents implantés dans toute la région.
Les deux plus connus et les deux plus puissants sont le Mara Salvatrucha, également appelé MS-13 et le Mara 18, M-18. Les deux camps se livrent, depuis les années quatre-vingt, une guerre sans pitié sur fond de trafic drogue. Le pays est une voie de transit majeure pour la drogue d'Amérique latine vers les Etats-Unis. Selon les publications de la Banque Mondiale, les "maras" comptent 40.000 sympathisants répartis au Guatemala, en Honduras, au Salvador et aux Etats-Unis.
"Demander pardon à la société"
Mais les gangs semblent fatigués par cette extrême violence. Tout comme la population hondurienne qui paye cher le prix de la guerre entre trafiquants qui enrôlent les jeunes déshérités. Les dirigeants des deux bandes criminelles sanguinaires viennent de demander pardon aux Honduriens pour leurs crimes. Ils se sont aussi dits ouverts au dialogue en vue d'une trêve dans les violences qui sèment la terreur. Un début d’espoir pour le pays.
Les chefs des deux groupes sont intervenus séparément mardi devant la presse, au Centre pénitentiaire de San Pedro Sula, la 2e ville du Honduras, à 240 km au nord de la capitale. A leurs côtés, des médiateurs, dont l'évêque de cette ville, Mgr Romulo Emiliani, et le représentant de l'Organisation des Etats d'Amérique (OEA), Adam Blackwell.
De nombreux documentaires ont été consacrés aux maras :
"Nous désirons devant Dieu demander pardon à la société, si nous lui avons causé des dommages à certains moments, demander aussi pardon à nos autorités (...). Ce que nous voulons, c'est travailler, ce que nous voulons, c'est la paix avec Dieu, la paix avec notre société et avec les autorités", a déclaré l'un des membres de la MS-13, qui s'est identifié sous le nom de "Marcos".
Du travail en échange de la paix
Les membres du M-18 ont, de leur côté, refusé de donner leurs noms et se sont couverts le visage avec des foulards. L'un d'entre eux a décrit leur démarche comme "un processus de dialogue ... pour diminuer la violence". "Nous donnons notre parole que si le gouvernement nous écoute, nous donne du travail, nous donne des droits et prend soin de nous, nous pourrons continuer à dialoguer", a-t-il affirmé.
L’expérience n’est pas nouvelle. MS-13 et M-18 ont déjà signé une trêve au Salvador voisin, là où les maras sont nés après la guerre civile. En mars 2012, les deux gangs se sont mis d’accord pour déposer les armes, en échange de transferts des chefs des maras emprisonnés dans des prisons plus confortables. Le nombre d’homicides a chuté de moitié en seulement quelques mois.