"Pratiques commerciales trompeuses." C'est pour ce motif que l'UFC-Que Choisir a annoncé mardi qu'elle avait porté plainte contre 13 enseignes spécialisées dans la vente de listes d'annonces de locations d'appartement. Ces intermédiaires immobiliers proposent, moyennant finance, une liste de logements à louer. Le but à l'origine : faciliter la recherche du client et lui éviter de passer par des agences immobilières.
Mais ces enseignes sont sous la pression des associations depuis des années. Appartements déjà loués, propriétaires injoignables, biens qui ne pas adaptés aux critères... dans de nombreux cas, leurs listes ne servent à rien fustigent les associations. Et les derniers éléments d'information ne font que confirmer les accusations.
Les plaintes d'UFC-Que choisir interviennent en effet au terme d'une enquête menée en février et en juin dans 10 villes universitaires (Bordeaux, Caen, Dijon, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Rennes, Strasbourg et Toulouse) auprès de 18 marchands de listes appartenant à 15 enseignes, selon un communiqué.
"Ils se défaussent de leur obligation"
"Le scénario consistait pour les enquêteurs, équipés de caméras cachées, à simuler la recherche d'un logement pour un étudiant", explique l'UFC, qui a voulu vérifier la légalité des pratiques mais aussi la valeur ajoutée de ce type de service par rapport aux annonces gratuites.
"Au final, les vendeurs de listes ne fournissent qu'un simple fichier d'informations sur des biens disponibles, correspondant à des critères limitatifs et approximatifs imposés par eux et extrêmement vagues" écrit l'association.
"Non seulement ils n'apportent aucune garantie à la conclusion effective d'un bail à la différence d'une agence immobilière mandatée, mais ils se défaussent de leur obligation réelle et légale qui est de fournir 'exclusivement' des biens correspondant aux desiderata du client" déplore l'association.
Moins performantes que le marché gratuit
Et "alors que la loi impose que le paiement de la liste s'effectue après la prestation, 89% des marchands ont exigé l'argent avant la remise du moindre document", souligne-t-elle, relevant des prix allant jusqu'à 450 euros à Paris.
De plus, selon l'UFC qui a établi des comparaisons sur plusieurs critères (loyer, surface, emplacement, disponibilité) ces enseignes sont moins performantes que le marché gratuit.
Le dépôt de plainte concerne les enseignes suivantes: APL Location (Lyon), Chaîne des propriétaires et des particuliers (Strasbourg), Directe Location Bordeaux, Directe Location Dijon, Git'Immo (Marseille), MIL'IM Lyon, MIL'IM Strasbourg, Pan euro Nord (Caen et Rennes) Pan euro Sud (Toulouse et Montpellier), Service location (Dijon), Top Immo 59 (Lille) et Casa Immo et Ancea (Ile-de-France).
Une opération contre les marchands de listes avait été menée en 2010 par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. "Si l'on en croit notre enquête de terrain, cela n'a pas suffi", analyse Alain Bazot, de l'UFC-Que choisir, contacté par Le Monde. L'association en appelle à un renforcement d'urgence des obligations et des sanctions contre ces "marchands de vent".