S'appuyant sur des documents diplomatiques diffusés par WikiLeaks, la télévision Al-Jazira a révélé lundi que les négociateurs palestiniens auraient accepté en 2008 une importante concession, dès le début des pourparlers de paix avec le gouvernement israélien d'Ehud Olmert : que seule une infime fraction des 5 millions de réfugiés de 1948 puisse rentrer en Israël.
Le retour de tous les réfugiés est abandonné
"Sur le nombre des réfugiés, il serait illogique de demander à Israël d'en prendre 5 millions ou même 1 million parce que cela signifierait la fin d'Israël“, affirme le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, cité dans le compte rendu d'une réunion le 24 mars 2009.
Le leader palestinien ferait ainsi une croix sur un dogme, le retour des réfugiés qui ont dû quitter la Palestine lors de la création de l’état israélien en 1948. Officiellement, l’Autorité palestinienne a fait de leur retour une question de principe. Problème, ils seraient aujourd’hui près de 5 millions selon les chiffres de l’UNRWA, l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens.
Al-Jazira veut "créer la confusion"
Mahmoud Abbas n’a pas tardé à réagir après la publication mardi de ces nouveaux documents, dont certains indiquent que les négociateurs palestiniens étaient aussi prêts à renoncer "au quartier juif et à une partie du quartier arménien" de la Vieille ville de Jérusalem.
"Le but de cela est de créer la confusion, j'ai vu moi-même ce que la chaîne a diffusé en disant que ce sont des documents palestiniens, alors qu'ils sont israéliens", a commenté mardi le président de l'Autorité palestinienne.
Les offres de paix israéliennes
Les documents révélés par Al-Jazira portent aussi sur les négociations côté israélien et sur les concessions qui avaient été envisagées. L'état hébreu aurait non seulement proposé le retour de 25.000 réfugiés sur cinq ans, mais aussi des échanges de territoires. En 2008, ils auraient proposé de transférer le contrôle de quatre localités situées à cheval sur Israël et la Cisjordanie aux Palestiniens, qui auraient refusé.
Ces révélations embarrassent les négociateurs
Ces révélations compliquent un peu plus les négociations entre Israéliens et Palestiniens, qui ont repris difficilement en septembre 2010 sous l’égide des Etats-Unis. Elles affaiblissent par ailleurs le Fatah, le parti de Mahmoud Abbas, dont le leadership politique est contesté par le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza.
La chaîne, basée au Qatar et souvent accusée de proximité avec le Hamas, a entamé dimanche soir la diffusion de "plus de 1.600" documents couvrant les pourparlers de paix depuis 1999.