Conformément à ses menaces, Israël a intercepté mardi le navire français Dignité-Al Karama, parti de Grèce pour tenter de briser le blocus israélien sur la bande de Gaza. "La marine israélienne a pris le contrôle du bateau", a annoncé la porte-parole de la marine israélienne. Quatre navires ont participé à l'opération, l'abordage s'est déroulé "sans incidents", selon la radio publique. Un commando israélien est monté à bord puis le navire a été escorté au port militaire d'Ashdod, où les passagers seront interrogés par la police. Certains d'entre eux pourraient être expulsés.
L'armée israélienne a diffusé des images de l'opération sur sa chaîne Youtube :
Le navire français était le seul à avoir réussi à quitter la Grèce et s’approchait "lentement" du territoire palestinien, où il devait arriver "à la mi-journée". Mais l’embarcation a été rapidement entourée par les forces israéliennes. "Toutes les communications sont brouillées, nous ne pouvons plus communiquer avec eux par téléphone ni par Internet", précisaient les organisateurs de la flottille en milieu de matinée.
"Une embarcation de la Marine israélienne (...) a demandé aux passagers de s'identifier et d'indiquer s'ils avaient embarqué des armes à bord", avait témoigné au même moment la journaliste Amira Hass sur le site du quotidien israélien Haaretz.
"Une machine de guerre" contre "le petit Poucet"
Les militants pro-palestiniens dénoncent, eux, l'emploi de moyens démesurés. "Ce sont des bateaux militaires, donc armés, dont un bateau massif de plus de 100 mètres", qui sont intervenus, a précisé Julien Rivoire, un des porte-parole de l'opération.
"Nous rappelons simplement que ce bateau fait 16 mètres, pas de matériel (à bord). Même un petit bateau comme cela, le petit Poucet de la flottille, a droit à une machine de guerre pour l'empêcher d'aller jusqu'à Gaza porter simplement un message de solidarité", a-t-il ajouté.
L'association Plateforme Palestine estime quant à elle que l'arrestation du bateau représente "une violation patente à la liberté de navigation en haute mer" et réclame la "mise en liberté immédiate" des militants. Le Parti communiste, le NPA et le Parti de Gauche ont condamné l'arraisonnement. Le PCF a notamment fustigé un "acte de piraterie" et dénoncé le "silence consternant des autorités françaises".
Les quinze passagers expulsés mercredi
Les quinze passages étrangers appréhendés à bord doivent en principe regagner mercredi leurs pays d'origine, a indiqué la porte-parole des services israéliens de l'immigration. Ils "ont été entendus par nos services et ont de leur plein gré accepté de signer un document indiquant qu'ils étaient prêts à partir dans les 72 heures", a déclaré Sabine Hadad. "Ils doivent en principe prendre place à bord de vols en partance mercredi pour Athènes, Paris, Toronto et Stockholm".
Seul navire parti à l'assaut du blocus de Gaza
Ce navire français de la flottille internationale avait quitté dimanche la petite île grecque de Kastellorizo en appareillant officiellement pour le port égyptien d'Alexandrie. Mais son véritable objectif était d'atteindre la bande de Gaza pour forcer le blocus israélien et médiatiser l’enfermement de cette petite bande côtière par son voisin israélien.
Le navire français transportait 16 militants français, canadiens, suédois, grecs ainsi que la journaliste renommée du quotidien israélien de gauche Haaretz, Amira Hass, et une équipe de la chaîne de télévision du Qatar Al-Jazira. Conscients de la médiatisation de leur opération, les militants embarqués avaient transmis dans la nuit de lundi à mardi des messages en français et en anglais via le réseau social Twitter. "Le moral est comme le ciel et la mer : au beau fixe. Gaza, c'est parti. Restez attentifs", avaient-ils ainsi écrit.
L'armée israélienne avait prévenu
Israël avait réaffirmé qu'il ne permettrait pas au navire de briser le blocus qu'il impose à Gaza. "La marine lui a rappelé que toutes les marchandises qu'il était susceptible de transporter devaient être transférées légalement par les points de passages terrestres et par le port (israélien) d'Ashdod", a précisé la marine israélienne. "Si ce bateau tente une action provocante, effectivement nous l'intercepterons", avait prévenu lundi le vice-ministre des Affaires étrangères Danny Ayalon.
Les neuf autres bateaux qui composaient la flottille, avec à leur bord 300 militants venus de 22 pays, n'ont pas été autorisés à quitter la Grèce. Athènes a justifié cette interdiction par la "sécurité des militants", après l'assaut de la marine israélienne sur une précédente flottille pour Gaza, qui avait provoqué la mort de neuf Turcs, le 31 mai 2010.