L'INFO. Il était l'une des figures les plus marquantes de la politique italienne pendant un demi-siècle. Giulio Andreotti, sept fois président du Conseil et responsable de l'ex-Démocratie chrétienne, est mort lundi vers midi à l'âge de 94 ans à son domicile, ont annoncé les médias italiens.
Giulio Andreotti avait eu ces derniers temps des ennuis de santé et a dû être hospitalisé en août 2012 pendant plusieurs jours pour une arythmie cardiaque. Son absence ces derniers mois, à des moments cruciaux de la vie politique italienne comme l'élection du président de la République ou le vote de confiance au nouveau gouvernement, avait été notée par tous les observateurs et interprétée comme un signe de la dégradation de son état de santé.
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Une longévité record. Ce catholique, qui va à la messe tous les matins, a été l'un des piliers de l'Italie de l'après-guerre. Né le 14 janvier 1919 à Rome, Giulio Andreotti a été nommé sénateur à vie en 1991 et a été membre du parlement sans discontinuer après 1945. Celui qui a été 21 fois ministres est aussi connu pour avoir été responsable de la défunte Démocratie chrétienne et avoir dirigé à sept reprises le gouvernement italien. Il se distinguait aussi bien par son allure voûtée que par son sens de l'ironie.
Il a aussi accumulé les surnoms : "l'inoxydable" en raison de sa longévité politique, mais aussi le Pape noir, Belzébuth, le Divin Giulio ou le Richelieu italien en raison de son goût pour le secret et de son esprit retors.
Des liens avec la mafia ? Petit, portant des lunettes aux grosses montures carrées, doté d'un physique ingrat et devenu bossu avec l'âge, sa redoutable ironie lui a permis de traverser l'épreuve de deux procès retentissants pour collusion supposée avec la mafia. Accusé d'avoir commandité à la mafia en 1979 le meurtre du trop curieux journaliste Mino Pecorelli, il est condamné après de longues années de procédure à 24 ans de prison, mais sera finalement blanchi en 2003 par la Cour de cassation
Ill Divo , le film de Paolo Sorrentino, prix du jury à Cannes en 2008, retrace son incroyable parcours politique :
On lui a aussi reproché son intransigeance dans l'affaire de l'enlèvement d'Aldo Moro en 1978 : chef du gouvernement à l'époque, il avait refusé toute négociation avec les Brigades Rouges, qui avaient fini par tuer le dirigeant démocrate-chrétien.