Charismatique et médiatique. Jean Paul II, dont la béatification a lieu dimanche, a marqué par sa personnalité la fin du XXe siècle.
Orphelin de mère très jeune et élevé par un père officier de carrière en Pologne, il est marqué par son enfance sans présence féminine et dédiera toute sa vie à la Vierge Marie, modèle de la mère et de l'épouse.
Après des études philologie à l’Université de Cracovie, Karol Wojtyla est monté petit à petit dans la hiérarchie ecclésiastique. Ordonnné prêtre en 1946, il devient évêque de Cracovie douze ans plus tard.
Un pontificat de 26 ans
Elu pape le 16 octobre 1978, Karol Wojtyla est alors âgé de 58 ans. Il est le premier pape slave. Chef de l'Eglise catholique pendant plus de 26 ans, l'un des pontificats les plus longs de l'histoire, Jean Paul II a imprimé sa marque dès son élection.
Très vite, "le pape polonais" affronte la Curie romaine et favorise le contact direct avec la foule, se laissant toucher et prenant les enfants dans ses bras.
Son charisme est évident
L'Etat du Vatican devient vite trop petit pour lui. Il décide d’aller au devant des fidèles, multipliant les voyages et les médiatisant. Son charisme est évident. Il attire les foules, y compris dans des pays musulmans.
Passionné de théâtre dans sa jeunesse, il a conservé le sens de l'auditoire. Le succès est immédiat, notamment en Amérique Latine où les médias le surnomment "le globe-trotter de l'Evangile", "l'athlète de Dieu". Il crée "les Journées mondiales de la jeunesse", rassemblant des millions de jeunes.
Victime d’un attentat le 13 mai 1981
Jean Paul II mesurait 1,76 mètre, mais les photographes l'avaient transformé en icône. L'image a tenu jusqu'à l'attentat du 13 mai 1981, lorsque le Turc Mehmet Ali Agca l'a blessé grièvement de trois balles.
Les problèmes de santé commencent à le rattraper en 1994. Déjà la maladie de Parkinson faisait son lent travail de sape. Le monde entier a alors suivi son agonie, quasiment en direct, scrutée par les caméras de télévision, jusqu'à sa mort le 2 avril 2005. S’en suivent d'immenses manifestations de dévotion place Saint-Pierre.
Artisan de la chute du communisme
La vie et le pontificat de Jean Paul II ont épousé les grands soubresauts de l'Histoire. Il a vécu la Seconde Guerre mondiale, résisté au nazisme et contribué à la victoire de Solidarnosc en Pologne et la chute du Mur de Berlin, marquant l'écroulement du bloc de l’Est.
Homme de Dieu et de paix, Jean Paul II reste inclassable. S'il est toujours apparu ouvert aux problèmes du monde, au dialogue avec l'islam, avec le judaïsme et les autres religions non-chrétiennes, il a conservé une ligne très conservatrice sur les questions de la famille et de la morale.
Condamnation de la contraception
Pour une partie de l'opinion, la principale zone d'ombre reste la condamnation de la contraception et du préservatif qui, dans un monde où le sida fait des millions de victimes, a creusé un fossé d'incompréhension et a éloigné de l'Eglise nombre de catholiques.
Des voix s'élèvent aussi pour reprocher à Jean Paul II son manque de détermination et de transparence face aux abus pédophiles commis au sein de l'Eglise.
Reste que dès l’annonce de la mort de Jean Paul II, les pèlerins par milliers ont demandé sa canonisation aux cris de "Santo subito ! " (saint tout de suite !). Avec la béatification célébrée dimanche, Benoît XVI a exaucé une partie de ce vœu. Dernière étape avant une éventuelle canonisation de Jean Paul II.