Kadhafi lâché de toutes parts

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avec Didier François et agences , modifié à
Des ambassadeurs et dignitaires libyens ont commencé à se désolidariser du régime libyen.

Les défections de hauts dignitaires libyens semblent se multiplier depuis le début de la semaine. C'est l'ambassadeur en Inde qui a ouvert la marche, annonçant lundi sa démission après les bombardements dans son pays. "Hier (lundi) ils ont commencé à utiliser des avions pour bombarder des civils qui manifestaient pacifiquement. C'est inacceptable", a déclaré le diplomate Ali Al-Issawi. Le départ le plus symbolique reste celui du ministre libyen de la Justice, Moustapha Abdel Jalil, qui a démissionné "pour protester contre l'usage excessif de la force" contre les manifestants.

Le bilan de la répression en Libye se compte désormais en centaines de morts : Human Rights Watch avance le chiffre de 233 victimes, tandis que la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a fait état de 300 à 400 morts, et les autorités libyennes de 300 morts. Le représentant de la mission libyenne aux Nations Unies a été un des premiers à contester la violence déployée. "C'est un véritable génocide contre le régime libyen. Le colonel Kadhafi fait tirer sur son propre peuple, personne ne peut rester silencieux, nous ne sommes absolument pas d'accord, nous sommes au service du peuple, pas au service du régime, c'est la fin de la partie", a-t-il déclaré au micro d'Europe1.

Des manifestations devant les ambassades

L'ambassade de Libye en Malaisie a embrayé mardi, et retiré son soutien au colonel Mouammar Kadhafi, face aux protestations des immigrés libyens devant l'ambassade de Kuala Lumpur. "Nous ne sommes plus loyaux envers lui (Kadhafi), nous sommes loyaux envers le peuple libyen", a déclaré l'ambassadeur Bubaker al-Mansori, qui a condamné "le massacre barbare, criminel" de civils en Libye. Peu de temps après, les ambassadeurs de Libye en France et auprès de l'Unesco ont lancé mardi un appel "à l'arrêt de la terreur".

La liste des défections a continué à s'allonger avec l'ambassade d'Australie, qui a annoncé avoir rompu ses liens avec le dirigeant libyen. L'ambassadeur libyen à Canberra, Musbah Allafi, a d'ailleurs rencontré mardi matin des représentants du gouvernement australien, selon le quotidien The Australian, sans plus de précisions. Au Maroc aussi, un diplomate a annoncé sa démission pour protester contre "l'extermination quotidienne du peuple" libyen.

Partout dans le monde, les manifestations d'expatriés libyens se sont multipliées devant les ambassades. La veille des citoyens libyens ont dénoncé les violences dans leur pays à Londres, à Malte, dans la capitale jordanienne et au Caire. Mardi matin, une trentaine de personnes étaient rassemblées devant l'ambassade de Libye à Belgrade, déchirant notamment des portrait du colonel Mouammar Kadhafi et brisant les vitrines placées devant le bâtiment.

L'"ami" Berlusconi

Le démarquage du régime a aussi commencé à toucher l'armée. Deux pilotes de chasse libyens ont atterri à Malte à bord de leurs Mirage F1 et indiqué avoir fait défection au régime après avoir refusé de tirer sur les manifestants à Benghazi.

Par ailleurs, la participation de la Libye aux réunions de la Ligue arabe a été suspendue. "Le conseil de la Ligue arabe a décidé de suspendre la participation des délégations de la Libye aux réunions de la Ligue arabe et à toutes les organisations dépendant de cet organisme jusqu'à ce que les autorités libyennes acceptent les revendications" du peuple libyen "et assurent sa sécurité", indique le communiqué de cet organisme.

Seule consolation pour Mouammar Kadhafi, au milieu du concert des condamnations de la communauté internationale, une voix s'est élevée pour prendre sa défense, selon l'agence officielle libyenne Jana. "Le dirigeant frère a rassuré son ami Berlusconi, lors d'une conversation téléphonique, en lui disant que la Libye allait bien et que son peuple (...) était garant de la sécurité, de la stabilité et de l'unité nationale", acrit l'agence, avant d'oser : "Quiconque veut savoir la vérité devrait écouter attentivement les médias libyens et s'abstenir de prêter l'oreille aux mensonges et aux informations inventées émanant des organes des traîtres et des dépravés."