Khodorkovski : six ans de prison en plus

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avec AFP , modifié à
L'ex-magnat du pétrole russe écope de 14 ans en tout. Une décision critiquée par l'Allemagne.

Mikhaïl Khodorkovski, ex-magnat du pétrole russe, a été condamné jeudi à six années de prison supplémentaires, jusqu'à la fin du prochain mandat présidentiel en 2017, pour détournement de fonds et blanchiment d'argent. Un verdict jugé "sévère" par son avocat, et critiqué notamment par l'Allemagne, qui s'est dite "préoccupée".

Le juge de Moscou, Viktor Danilkine, a suivi les réquisitions du parquet et annoncé la condamnation de l'homme d'affaires à 14 années de prison au total, incluant les huit années de la précédente condamnation. Il a estimé que le prévenu ne pourrait s'amender qu'en étant "isolé de la société".

La pression de Poutine

"Poutine a tenu a faire savoir à la cour qui est le patron et qui décide du sort de Khodorkovski", a déclaré Iouri Chmidt, l'un des avocats de l'accusé, après l'annonce de la décision. "Il est clair que cette sentence a été rendue sous la pression du pouvoir exécutif, qui est toujours entre les mains de M. Poutine", a affirmé Iouri Chmidt.Khodorkovki, sans réaction, et son co-accusé Platon Lebedev ont, eux, écouté la sentence, debout derrière la cloison de verre les séparant du reste de la salle d'audience. "Soyez maudits, vous et vos descendants!", a lancé la mère de Khodorkovski, Marina, à l'adresse du juge qui quittait rapidement la salle.

"Un voleur doit être en prison", avait en effet affirmé le premier ministre russe Vladimir Poutine le 16 décembre à la télévision lors de sa séance annuelle de questions-réponses avec le public. Il avait comparé ce cas à celui du financier américain Bernard Madoff.

Les critiques des pays européens

Le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a été un des premiers à réagir à la décision du tribunal de Moscou. Il a estimé jeudi, dans un communiqué, que la lourde peine infligée à Mikhaïl Khodorkovski et à son principal associé, Platon Lebedev, montrait les limites de l'état de droit en Russie. "Je suis très déçu. Les procès contre Mikhaïl Khodorkovski ont été le test décisif de la façon dont l'état de droit et les droits de l'homme sont traités dans la Russie d'aujourd'hui".

Moscou avait appelé mardi les Etats-Unis et l'Europe à ne pas se mêler de cette affaire. Pourtant, jeudi, quelques minutes après l'annonce de la peine, Berlin s'est dit "très préoccupé après la sentence". De son côté, la France a appelé jeudi les autorités russes "à tenir pleinement compte des préoccupations" suscitées par le déroulement du procès de l'ex-magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovski, qui va faire appel de sa condamnation à 14 ans de prison."Comme l'a souligné le président Dmitri Medvedev lui-même, la consolidation de l'Etat de droit est une condition nécessaire à la réussite du processus de modernisation de la Russie", a ainsi déclaré la porte-parole adjointe du ministère des Affaires étrangères, Christine Fages.

Dans la soirée, les Etats-Unis ont commenté la décision en ces termes : "la Russie ne pourra développer une économie moderne sans avoir également un système judiciaire indépendant".

Il voulait se lancer en politique

L'ancien patron de Ioukos, qui clame son innocence, a été arrêté en octobre 2003 alors qu'il manifestait son intention de se lancer en politique. Il a été condamné en 2005 à huit ans de détention pour fraudes et évasion fiscale et devait sortir de prison l'an prochain.

Dans le cadre du deuxième procès, il était accusé d'avoir détourné 27 milliards de dollars de pétrole produit par des filiales de Ioukos de 1998 à 2003.