Ankara regarde sa voisine syrienne Kobané trembler sous l'assaut des djihadistes sans, pour l'instant, s'impliquer pour défendre la ville. Les islamistes de l'Etat islamique contrôlent désormais plusieurs quartiers. L'attitude de la Turquie agace des Kurdes, qui ont manifesté mardi dans plusieurs villes. Des rassemblements émaillés par des violences : le bilan s'est alourdi à 14 morts, selon des nouvelles de sources de sécurité et de médias turcs.
Des heurts dans le Sud-Est. La grande ville kurde de Diyarbakir, dans le sud-est du pays, a été le théâtre des incidents les plus meurtriers. Huit manifestants sont morts, selon les informations du journal Hürriyet, confirmées par une source de sécurité locale. Dans d'autres villes du sud-est anatolien, les forces de l'ordre ont réprimé des manifestations. Des militants kurdes se sont également opposés à des contre-manifestants, notamment affiliés à un petit parti politique islamiste, le Hüda-Par.
Des dégâts matériels sont également à noter, notamment sur des bâtiments publics ou des locaux du parti au pouvoir, l'AKP. Un couvre-feu a été décrété par les autorités à Diyarbakir, Mardin et Van, où l'armée a été déployée. Cette mesure n'a pas été employée depuis la levée de l'état d'urgence dans cette région qui a été soulevée par des violences pro-kurdes des années 80 à 2002.
Le PKK menace de rompre les discussions. Depuis le début de l'offensive de l'Etat islamique sur la ville kurde de Kobané, les autorités turques se sont toujours refusées à une intervention armée pour sauver cette clé de la frontière turco-syrienne. Pourtant, le Parlement turc a donné son feu vert à une opération militaire en Syrie et en Irak pour contrer l'avancée des djihadistes. Mais Ankara se refuse toujours à s'impliquer. Le Parti des travailles kurdes (PKK) a menacé de rompre les négociations engagées il y a deux ans avec les autorités turques et qui doivent mener à une paix durable dans le Kurdistan turc.
>> LIRE AUSSI - Kobané, ville-clé pour l'Etat islamique et la Turquie