L’Europe est prête à tirer les leçons de l’accident de Fukushima. Alors que le Japon a demandé l’aide des experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique, les membres de l’UE s’interrogent sur la sécurité de leurs centrales et envisagent d'organiser des tests de résistance.
Fermeture de réacteurs en Allemagne
La Commission européenne a convoqué pour mardi à Bruxelles une réunion des ministres de l'Energie de l'UE, des autorités nationales de sûreté nucléaire et des industriels du secteur pour tirer les premières leçons de la situation au Japon et envisager des mesures, dont l'instauration de tests de résistance sur les centrales. La Commissaire en charge du Climat Connie Hedegaard s'est toutefois montrée réaliste. "L'énergie nucléaire est une réalité et ce sera le cas pendant un certain temps", a-t-elle souligné.
Mais d'ores et déjà, la chancelière allemande Angela Merkel, sous la pression d'une opinion très inquiète, a annoncé mardi la fermeture pour trois mois des plus anciens réacteurs nucléaires, au nombre de sept en Allemagne. Lundi, le gouvernement allemand a décidé de suspendre l'accord prolongeant la durée de vie des centrales atomiques allemandes, élément majeur du programme de sa coalition conservateurs-libéraux. Le Parlement avait décidé à l'automne l'allongement de 12 ans en moyenne de la durée de vie des 17 centrales nucléaires du pays, alors qu'elles auraient dû s'arrêter vers 2020.
"Le scénario du pire"
Une réunion a été convoquée mardi midi à Matignon sur la situation au Japon, et a ministre française de l'Environnement Nathalie Kosciusko-Morizet ne cachait plus son inquiétude. Après avoir conseillé la veille d'éviter de "tomber dans l'emballement", elle a fait part, avec son collègue Eric Besson, de sa grande inquiétude sur la situation de la centrale japonaise de Fukushima. Le ministre de l'Industrie a acquiescé alors qu'on lui demandait s'il s'agissait du "scénario du pire".
La Suisse a annoncé, de son côté, la suspension de ses projets de renouvellement de centrales nucléaires, en l'attente d'éventuelles "normes (de sécurité) plus strictes". L’Autriche est également inquiète. Le ministre autrichien de l'Environnement a renouvelé sa demande de voir organisés des tests de résistance des centrales nucléaires en Europe.
"La catastrophe au Japon suscite beaucoup d'inquiétude en Italie", a, pour sa part, souligné la ministre italienne Stefania Prestigiacomo. Son homologue polonais Janusz Zaleski a abondé dans ce sens. "La Pologne est en train de travailler à son projet nucléaire et les événements au Japon vont provoquer une discussion", a-t-il souligné. Enfin, aux Etats-Unis, des parlementaires ont appelé à un moratoire sur l'énergie nucléaire, alors que le président Barack Obama a accordé il y a un an des garanties de prêts pour construire la première centrale nucléaire du pays depuis 30 ans.
LE NUCLEAIRE DANS LE MONDE
- Trente pays dans le monde exploitent 443 réacteurs nucléaires, qui fournissent environ 14% de l'électricité de la planète.
- Six pays génèrent à eux seuls les trois quarts de cette énergie nucléaire : les Etats-Unis, la France, le Japon, la Russie, l’Allemagne et la Corée du Sud.
- La France est le pays européen comptant le parc nucléaire le plus important (19 centrales et 58 réacteurs).
- Sur les 62 réacteurs nucléaires en cours de construction dans le monde, 27 le sont en Chine, 10 en Russie, 5 en Inde, 5 en Corée du Sud.