Londres à la même heure que Paris ? L’hypothèse est plus qu’envisageable. Vendredi, les députés britanniques sont en effet invités à se prononcer sur le daylight savings bill, qui alignerait l’heure de l’île sur le continent. Aujourd’hui, la Grande-Bretagne, jamais avare de singularisation, est en avance d’une heure sur la France, l’Allemagne, l’Espagne ou encore l’Italie.
Et la tendance est au "oui", chez les élus de la Chambre des communes. Il faudra 102 votes positifs pour que l’étude parlementaire soit lancée, en vue d’une application à court ou moyen terme. "Tout porte à croire que nous les aurons", affirme ainsi la députée conservatrice Rebecca Harris, qui porte le projet, dans le quotidien The Guardian.
Un boost pour le tourisme
Il faut dire que les arguments, portés par le collectif Lighter later ("de la lumière plus tard"), ont de quoi être convaincants. Concrètement, il ferait jour une heure plus tard si la mesure était adoptée. Selon une étude menée par le British medical journal, elle pourrait donc permettre d’économiser le rejet de 447.000 tonnes de CO2 chaque hiver. En outre, ce décalage horaire sauverait la vie de 100 automobilistes, et réduirait l’obésité dans le royaume, puisqu’il encouragerait à l’activité physique après les heures de travail.
Enfin, et surtout, le daylight savings bill (littéralement "loi sur les économies de la lumière du jour") pourrait booster le tourisme au Royaume-Uni. Il créerait 80.000 emplois dans le secteur, pour un bénéfice pour l’économie britannique évalué à 3,5 milliards de livres (4,1 milliards d’euros) par an.
La résistance écossaise
Ces arguments ont séduit la presse britannique, globalement favorable à ce changement. "Il est temps de changer !" ("Time to change ! "); titre ainsi la BBC dans un éditorial. La chaîne publique rappelle qu’une personne sur 20 est victime de dépression chronique en hiver due, selon les experts, "à un manque d’exposition à la lumière du jour."
Les principales réticences viennent en fait des élus écossais, qui signalent que si la loi était votée, tout le territoire au nord de Manchester se lèverait dans le noir en hiver. "La seule solution à ce problème est de déplacer tout le pays plus au sud. C’est au-delà du pouvoir du Parlement", répond, caustique, l’éditorialiste John Kay, du Financial Times. "Avancer les horloges ne l’est pas. Nous devons saisir cette opportunité", conclut-il dans son billet, intitulé sans équivoque : "Les Ecossais vont peut-être râler, mais maintenant, que la lumière soit !"