Pas d'optimisme de rigueur pour Serge Atlaoui, le Français condamné à mort en Indonésie. Mardi, la justice de Jakarta a refusé son ultime recours. L'homme de 51 ans originaire de Metz a été arrêté en 2005 dans un laboratoire de fabrication d'ecstasy dans la banlieue de Jakarta. L'artisan soudeur clame son innocence. Il affirme avoir été embauché pour mettre en place un atelier de peinture acrylique et n'avoir eu aucune idée qu'il travaillait pour des vendeurs de drogue. Mais l'Indonésie est implacable avec ceux qu'elle considère comme des trafiquants.
D'autres pays se sont cassé les dents. Le président indonésien Joko Widodo, élu en octobre 2014, a plusieurs fois fait part de son intransigeance sur l'exécution de condamnés à mort dans des affaires de drogue. L'appel à la clémence de Paris pour sauver le Français a donc très peu de chances d'aboutir.
Après cinq exécutions au mois de janvier, le Brésil et les Pays-Bas avaient rappelé leur ambassadeur pour protester contre la mort d'un de leurs ressortissants. En vain. Les diplomates étaient revenus en Indonésie au bout de quelques semaines. L'Australie tente également d'obtenir une grâce pour de deux ses citoyens, sans succès pour l'heure. "Nous mettons en pratique notre constitution. La loi autorise les exécutions et je pense que les autres pays devraient respecter la loi indonésienne", a plaidé Joko Widodo sur ABS-CBN News.
Casser son image de mollesse. Au cours de la campagne présidentielle au premier semestre 2014, Jokowi, alors très populaire et considéré comme un "homme du peuple", a souvent été présenté comme un dirigeant qui ne saurait être aussi ferme que son ancien rival, l'ex-général Prabowo. Le président veut désormais en finir avec cette image. L'une de ses premières décisions a donc été de rejeter toutes les demandes de grâce des trafiquants.
Neuf étrangers se trouvent actuellement dans les couloirs de la mort pour des affaires de stupéfiants. Martin Anderson, un Ghanéen, a également vu son recours rejeté le même jour que celui de Serge Atlaoui.
Pour l'heure, les condamnés à mort attendent leur exécution sur l'île de Nusa Kambangan. "En Indonésie, les condamnés à mort sont passés par les armes. Ils ont le choix entre la position debout ou assise, ainsi qu'entre avoir les yeux bandés ou la tête couverte par une cagoule. Les pelotons d'exécution sont composés de 12 personnes, dont trois ont une arme chargée de balles réelles et les neuf autres de cartouches à blanc. Celles-ci tirent sur les condamnés à une distance de cinq à 10 mètres", explique Amnesty International. Les condamnés ne seront prévenus que 72 heures à l'avance. La peine de mort dans les affaires de trafic de drogue est largement plébiscitée. Plus de 80% des Indonésiens y sont favorables.
Une situation préoccupante. La législation antidrogue de ce pays d'Asie du Sud-Est est l'une des plus sévères au monde. Le président Joko Widodo estime que son pays était dans une situation d'urgence face aux produits stupéfiants qui font des dizaines de morts chaque jour. Le chef de l'Etat a récemment réaffirmé que l'Indonésie avait besoin d'une "thérapie de choc". Dans ce pays traditionnellement très religieux, l'alcool a été interdit mi-avril dans la quasi-totalité du pays.
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