L'Union européenne a décidé lundi d'imposer des sanctions ciblées contre le président sortant de la Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, qui conteste à son adversaire Alassane Ouattara la victoire à l'élection présidentielle du 28 novembre.
Le gel des visas
Les ministres des Affaires étrangères des 27, réunis à Bruxelles, ont décidé d'entamer sans délai le processus visant à geler les avoirs et à interdire de visa vers l'Europe toutes les personnes qui "font obstruction aux processus de paix et de réconciliation nationale et en particulier menacent le bon aboutissement du processus électoral".
"Ces mesures (...) cibleront notamment les responsables qui ont refusé de se placer sous l'autorité du Président démocratiquement élu, dont une première liste devrait être adoptée rapidement", précise le texte soutenu par l'ensemble des Etats membres de l'UE. Le bloc communautaire a par ailleurs chargé la Haute Représentante pour les Affaires étrangères de l'UE, Catherine Ashton, de proposer des mesures de soutien à Alassane Ouattara.
"Nous lançons un appel pour une remise du pouvoir immédiate et pacifique", a déclaré aux journalistes Catherine Ashton à l'issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères. "Nous avons décidé d'adopter sans délai des mesures restrictives à l'encontre de tous ceux qui font obstacle à la paix et à la réconciliation". Selon elle, les 27 vont dresser une liste de personnalités susceptibles d'être visées par ces sanctions. "J'espère que la décision prise aujourd'hui persuadera le gouvernement sortant à réagir avant que ce stade ne soit atteint", a-t-elle ajouté.
Un premier pas en avant
Le blocus de l'hôtel d'Abidjan servant de quartier général à Alassane Ouattara, instauré lundi à la mi-journée par les forces de sécurité fidèles à Laurent Gbagbo, a été levé en fin d'après-midi, ont rapporté des témoins. Les barrages installés par les forces de l'ordre aux deux extrémités de la route par laquelle on accède au Golf hôtel ont été levés en fin de journée, ont indiqué des habitants du quartier, précisant que ces forces étaient désormais très discrètes aux alentours de l'hôtel. "La circulation a repris", a confirmé une source au sein de l'armée régulière fidèle à Laurent Gbagbo.
Le symbole est fort : l'hôtel sert de "présidence" à Alassane Ouattara, abrite son gouvernement et son Premier ministre, le chef des FN Guillaume Soro, tandis que son rival Laurent Gbagbo siège au palais présidentiel. En dépit de ce blocus de quelques heures, Guillaume Soro a affirmé qu'il s'installerait vendredi avec ses ministres au siège du gouvernement à Abidjan. Il compte aussi s'accaparer jeudi un autre instrument du pouvoir en se rendant avec son cabinet "dans les locaux de la RTI (télévision publique) pour y installer le nouveau directeur général".
Pendant la journée, des éléments armés des Forces nouvelles (FN, ex-rébellion), partisans d’Alassane Ouattara, avaient gardé l'entrée de l'hôtel avec des Casques bleus de la mission onusienne Onuci tandis que l'accès au QG était coupé. C'était la première fois que les deux camps se faisaient pratiquement face en armes sur le terrain depuis le début de la crise politique.