Le cas de Manil, 8 mois, a alerté les autorités françaises. Ce bébé algérien doit absolument subir une greffe de moelle osseuse en France, car son pays n’est pas assez équipé pour réaliser l’opération. Sauf qu'aucun hôpital français n'accepte pour l'instant l'opération tant qu'un différend financier avec l'Algérie ne sera pas réglé. Et pour cause : selon les informations révélées par Europe 1, la Sécurité sociale algérienne, qui est censée prendre en charge l’opération, a accumulé une grosse dette en France qui s’élève à 34 millions d’euros.
Un chiffre qui ne concerne que les traitements réalisés dans le cadre de ce qu’on appelle un visa médical, établi entre les deux sécurités sociales française et algérienne. Car les négociateurs français estiment que le chiffre total est beaucoup plus élevé. Il faut en effet rajouter à cela l’ardoise laissée par des citoyens algériens, qui viennent se faire soigner dans les hôpitaux français, en utilisant des visas de tourisme.
Un pointage réalisé très récemment par les services compétents, qui ne l’ont jamais rendu public, estime ainsi l’ardoise à 600 millions d’euros, selon nos informations. Ce que récusent les autorités algériennes. Ce volume a été évoqué par Renaud Collard, sous-directeur des conventions internationales au ministère des Affaires étrangères, devant les députés, lors d’une audition à la commission des Affaires sociales à l’Assemblée nationale, le 18 mai 2010 (lire la page 6 du compte-rendu).
Pas de visa médical pour Manil
L’Algérie doit donc à la France 10% du déficit annuel de l’assurance maladie, qui s’élève à 6 milliards d’euros. Jusqu’ici, la règle était que les hôpitaux français et l’assurance maladie avancent les frais d’opérations des patients algériens. Une fois l’opération réalisée, celle-ci était refacturée à la Sécurité sociale algérienne. La diplomatie française estime que ces frais doivent être remboursés par l’Algérie qui doit être responsable du bien-être de ses citoyens.
C’est pourquoi, dans le cas de Manil, les hôpitaux français réclament aujourd’hui un minimum de garanties à l’Algérie avant de réaliser l’opération. Cette greffe de moelle osseuse, qui pourrait sauver l’enfant, coût environ 200.000 euros. L’Algérie semble consciente du problème : aucune demande officielle de visa médical n’a encore été engagée pour le bébé.
En l’absence de visa médical, certains Algériens viennent cependant en France avec un visa touristique. Ils se présentent alors aux urgences où, en France, on ne refuse personne. Après l’opération, nombreux sont ceux qui repartent sans régler la facture.