Les Britanniques découvrent avec horreur l’ampleur d’un scandale de pédophilie largement sous-estimé par les autorités. Dans un rapport indépendant rendu public mercredi, un ancien chef des services sociaux dénonce des abus sexuels subis par pas moins de 1.400 adolescents, tous originaires de Rotherdam, une ville de 250.000 habitants au nord de l’Angleterre. Les faits, glaçants et pratiquement ignorés par les services sociaux et la police, se sont déroulés entre 1997 et 2013.
Un procès en 2010. Le rapport, commandé en 2013 par le conseil municipal de Rotherdam, pointe des abus effarants. Des fillettes de 11 ans ont ainsi été victimes de viols en réunion. Des adolescents ont été drogués et prostituées. Une jeune fille a même été aspergée d’essence et ses bourreaux ont menacé de la faire brûler si elle osait les dénoncer. Une autre, qui avait commencé à témoigner devant les policiers, a retiré sa plainte quand les pédophiles lui ont envoyé un SMS affirmant qu’ils détenaient sa petite sœur.
Un procès a bien eu lieu, en 2010. Cinq "prédateurs" ont alors été condamnés pour des abus sur trois jeunes filles de 13 à 15 ans, toutes prises en charge à l’époque par les services sociaux. Mais l’ampleur de l’affaire a été largement sous-estimée et les victimes ignorées, voire méprisées, malgré les alertes lancées dans trois autres rapports avant celui publié mercredi.
Des victimes…. arrêtées.Le Daily Mail rapporte ainsi qu’une victime de 12 ans retrouvée dans une maison vide avec plusieurs hommes a été arrêtée car elle était ivre, tandis que les prédateurs, eux, ont été laissés libres. Dans deux cas, les policiers ont même rappelé à l'ordre des pères qui essayaient d'extraire leurs filles des griffes de leurs prédateurs. D’autres auraient auraient aussi tenté de manipuler les chiffres des abus sexuels, indique The Guardian.
Comment expliquer que de tels abus aient pu passer inaperçu pendant une douzaine d’années ? Pour l’universitaire à l’origine du rapport, les responsables de la police et du conseil municipal, dont le président a démissionné dès mercredi, ont souvent estimé que les services sociaux exagéraient l’ampleur de l’affaire. Autre explication : les pédophiles étaient tous d’origine pakistanaise et les autorités de Rotherdam, craignant les tensions raciales, auraient parfois préféré ignorer le problème.
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