Le "séisme" français s’affiche à la Une de toute la presse européenne. Au lendemain des élections européennes, les médias unanimes notent lundi que la victoire du Front national en France est le grand enseignement de ce scrutin continental. Mais les analyses offrent des nuances selon les pays. Morceaux choisis.
La Grande-Bretagne choquée par le vote français. Outre-Manche, le succès du Front national est vu comme "l’exemple le plus frappant des succès de l’extrême-droite et des partis anti-UE" par le tabloïd The Daily Mail. Même son de cloche dans le quotidien The Guardian, qui juge que le résultat français est "le plus choquant". C’est sur le site du Telegraph que Tim Stanley signe une tribune qui va plus loin. Dans une tribune, cet historien assure que "la montée de l’extrême-droite est une raison de plus pour laquelle autant de Britannique veulent quitter l’UE". Car selon lui, l’Union européenne a justement été créée pour "empêcher ce genre de chose de se produire". "L’idée était de produire de la croissance économique et une stabilité politique, dans l’espoir idéaliste que le fait de rapprocher l’Europe rendrait le nationalisme anachronique. C’est l’opposé qui s’est produit", assène Tim Stanley. L’historien revient aussi sur la victoire dans son pays des eurosceptiques du Ukip, qui n’ont rien à voir avec les mouvements d’extrême-droite européens. "Le vote pour le Ukip en Grande-Bretagne n’est pas un vote fasciste mais un vote pour s’en détacher le plus possible - un désir de s’extraire d’une UE qui penche rapidement vers l’extrémisme", écrit-il.
En Italie, Le Pen, "l’anti-Merkel".Dans les colonnes de L’Espresso, l’éditorialiste Gigi Riva oppose la France et l’Allemagne en soulignant que "l’anti-Merkel s’appelle Marine Le Pen". Allemands et Français "ont fait un choix opposé, explosif et sensationnel". Tandis qu’outre-Rhin, les Allemands ont "confirmé la confiance" en leur chancelière, Angela Merkel, les Français ont préféré Marine Le Pen, dont le parti est "nationaliste et xénophobe", "qui a dans son programme, de façon explicite, l’implosion des institutions communautaires". Et l’éditorialiste de conclure que les tendances issues des urnes "méritent une réponse" d’une "Europe qui veut poursuivre son chemin", mais "à une vitesse différente".
Et en dehors de l’UE ? En dehors de l’Union européenne, on s’intéresse aussi de près à la montée de l’extrême-droite. En Turquie, Today’s Zaman s’alarme ainsi du fait que Marine Le Pen menace "non seulement les politiques turques, mais aussi la structure et l’organisation de l’UE". Et d’analyser l’évolution de la droite de la droite : pour l’éditorialiste Ali Yurttagül, Marine Le Pen et son allié néerlandais, Geert Wilders, se distinguent de "l’ancienne extrême-droite européenne" en affichant des positions "islamophobes plutôt qu’antisémites". Face à cette islamophobie, "la Turquie occupe une position clé", qu’elle a du mal à tenir, faute de "politiques et de politiciens capables d’utiliser ce potentiel".
Pour trouver un brin d’optimisme, c’est en Suisse qu’il faut se rendre. Dans Le Temps, un éditorial intitulé "Le signal" note, entre autres, que la victoire du FN constitue "un coup de semonce historique avec l’europhobie nationaliste made in France". Tout en appelant à prendre "très au sérieux" les résultats du scrutin, le quotidien suisse assure : "nous sommes convaincus que le jugement sévère qu’une frange importante des électeurs porte à l’Europe est réversible".
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